Le Maroc va construire le plus grand chantier naval d’Afrique

Casablanca s’apprête à accueillir le plus grand chantier naval d’Afrique : un tournant stratégique pour l’industrie maritime marocaine

Dans une démarche résolument tournée vers l’avenir, le Maroc s’apprête à franchir un cap majeur dans le développement de son industrie maritime. À Casablanca, capitale économique du Royaume, le plus grand chantier naval d’Afrique verra bientôt le jour. Ce mégaprojet d’envergure continentale, étendu sur une superficie impressionnante de 21 hectares, ambitionne non seulement de moderniser les capacités nationales de maintenance navale, mais également de positionner le Maroc comme un acteur incontournable de la construction navale sur le pourtour méditerranéen.

Un chantier aux dimensions colossales
Porté par un investissement initial de 300 millions de dollars, financé par l’État marocain, le futur New Casablanca Port Shipyard s’impose comme une infrastructure stratégique. Il disposera d’une cale sèche de 244 mètres de long et 40 mètres de large, ainsi que d’un ascenseur vertical capable de manutentionner des navires atteignant jusqu’à 9 000 tonnes. Conçu pour être à la fois un centre de réparation, d’entretien et de construction de navires, le chantier ambitionne de livrer pas moins de 100 navires à l’horizon 2040.
Avec cette nouvelle infrastructure, le Maroc entend rivaliser directement avec les grands noms du secteur, notamment les chantiers navals du sud de l’Europe, tels que l’espagnol Navantia. Selon Abdellatif Lhouaoui, directeur de la communication de l’Agence nationale des ports du Maroc (ANP), l’ambition est claire : capter une part du marché européen en pleine mutation et offrir une alternative compétitive, tant en termes de coûts que d’efficacité.

Un appel à l’expertise internationale
Afin d’assurer la réussite et l’opérationnalité de cette infrastructure ambitieuse, l’ANP a récemment lancé un appel d’offres international. L’objectif : sélectionner un opérateur expérimenté, capable de développer, d’équiper et d’exploiter ce chantier naval pour une période de 30 ans. L’agence mise sur un partenariat stratégique avec un acteur majeur du secteur maritime mondial, afin de hisser ce projet aux standards internationaux les plus exigeants.
Cette démarche s’inspire directement de la stratégie industrielle adoptée par le Maroc au cours des dernières années, en particulier dans le secteur automobile. En moins de dix ans, le Royaume est parvenu à se hisser au rang de premier exportateur de véhicules en Afrique, attirant des géants tels que Renault et Stellantis grâce à un environnement politique stable, une main-d’œuvre qualifiée et des incitations fiscales attractives.

Une vision maritime intégrée
Le projet s’inscrit dans une stratégie maritime globale, à la mesure du potentiel du pays. Avec plus de 3 500 kilomètres de côtes, un espace maritime de plus de 1,2 million de kilomètres carrés, et un réseau de 43 ports — dont 14 ports de commerce — le Maroc dispose d’atouts géographiques et logistiques de premier plan. Cette dynamique s’illustre notamment par le succès du port de Tanger-Med, devenu en 2024 le premier port à conteneurs de Méditerranée et d’Afrique, avec une croissance record de 18,8 % et 10,24 millions de conteneurs EVP traités.
Outre le chantier naval de Casablanca, le Royaume a engagé un vaste plan de modernisation de ses infrastructures portuaires, visant à renforcer l’attractivité logistique du territoire et à développer des filières industrielles à haute valeur ajoutée. L’industrie navale, jusque-là marginale, est désormais appelée à jouer un rôle central dans la diversification économique du pays.

Une ambition africaine, une portée mondiale
Le New Casablanca Port Shipyard représente ainsi bien plus qu’un projet d’infrastructure : il est le symbole d’une ambition nationale de conquête industrielle et maritime. À travers cette initiative, le Maroc confirme sa volonté de devenir un hub stratégique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. En misant sur l’innovation, l’attractivité économique et la coopération internationale, le Royaume entend faire du XXIe siècle celui de sa renaissance maritime.