vendredi, avril 25, 2025
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LGV Kénitra-Marrakech : le Roi lance le méga-projet ferroviaire

LGV Kénitra-Marrakech : le Roi lance le méga-projet ferroviaire

Le Maroc inaugure une nouvelle ère ferroviaire : le Roi donne le coup d’envoi de la LGV Kénitra-Marrakech, pilier d’un programme à 96 milliards de dirhams

Dans un geste hautement symbolique, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné ce jeudi, depuis la gare de Rabat-Agdal, le coup d’envoi officiel du chantier de la future Ligne à Grande Vitesse (LGV) reliant Kénitra à Marrakech, un projet structurant de 430 kilomètres qui s’inscrit au cœur d’un programme d’investissement ferroviaire sans précédent, estimé à 96 milliards de dirhams. Ce vaste programme marque une nouvelle étape dans la modernisation du réseau ferré marocain, et réaffirme la volonté du Royaume de bâtir une mobilité plus rapide, plus verte et plus inclusive.

Un nouveau chapitre pour le rail marocain
Le lancement de cette nouvelle LGV constitue la phase suivante logique après le succès de la première ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca, inaugurée en 2018. Le Maroc devient ainsi le seul pays africain à déployer une telle technologie à l’échelle nationale, consolidant son statut de pionnier du transport ferroviaire rapide sur le continent.
La LGV Kénitra-Marrakech, conçue pour des vitesses allant jusqu’à 350 km/h, reliera en un temps record les principales métropoles du pays : Rabat, Casablanca et Marrakech, tout en desservant les aéroports internationaux de Rabat et de Casablanca.
Parmi les bénéfices attendus, des réductions spectaculaires des temps de trajet :
– Tanger – Rabat : 1 heure,
– Tanger – Casablanca : 1h40,
– Tanger – Marrakech : 2h40,
– Rabat – Aéroport Mohammed V : 35 minutes.
Le tracé prévoit également une halte stratégique à proximité du nouveau stade de Benslimane, positionnant cette infrastructure dans une logique de connectivité multimodale renforcée.

Une vision durable et un levier de transformation économique
Au-delà de ses objectifs de performance, ce projet s’inscrit dans les orientations royales en faveur du développement durable. En misant sur le rail, le Maroc entend réduire son empreinte carbone, offrir des alternatives à la voiture individuelle et désengorger les grands axes routiers, tout en assurant l’inclusion territoriale des zones urbaines et périurbaines.

Ce chantier s’accompagne d’une modernisation massive du parc ferroviaire national avec l’acquisition de 168 trains pour un montant de 29 milliards de dirhams, destinée à répondre à la croissance projetée de la demande d’ici 2030.
Le plan prévoit :
– 18 trains à grande vitesse pour la LGV,
– 40 trains inter-villes sur les lignes classiques (jusqu’à 200 km/h),
– 60 navettes rapides (TNR) pour les trajets quotidiens,
– 50 unités destinées aux réseaux urbains de Rabat, Casablanca et Marrakech.
La libération de capacité sur le réseau classique permettra de déployer un service ferroviaire de proximité (TMP), fondé sur la fréquence, la ponctualité et l’accessibilité, répondant ainsi aux besoins croissants de mobilité urbaine durable dans les grandes agglomérations.

Une locomotive pour l’industrie ferroviaire nationale
Le programme ne se limite pas aux infrastructures et matériels roulants. Il vise à faire émerger un écosystème industriel ferroviaire 100 % marocain. À ce titre, la création d’une unité de production de trains sur le territoire national est prévue, en partenariat avec de grands groupes internationaux. Le Maroc ambitionne ainsi d’atteindre un taux d’intégration locale supérieur à 40 %, à travers le développement d’un réseau de fournisseurs et de sous-traitants locaux.
Par ailleurs, une joint-venture entre l’ONCF et ses partenaires industriels verra le jour pour assurer la maintenance industrielle et courante des trains, garantissant à la fois la performance du parc, la formation de compétences locales et la création de milliers d’emplois directs et indirects. Des dispositifs de transfert de technologie et de formation sur dix ans sont également intégrés dans le plan.

Des partenariats internationaux à haute valeur stratégique
Le projet bénéficie du soutien d’acteurs industriels de renommée mondiale. Alstom, le géant français du ferroviaire, fournira les rames à grande vitesse, tandis que l’espagnol CAF livrera les trains inter-villes. Le sud-coréen Hyundai Rotem, de son côté, assurera la fabrication des unités destinées aux services urbains.
Ces partenariats s’inscrivent dans un cadre de financement préférentiel et structuré, qui témoigne de la confiance des investisseurs internationaux dans la stratégie ferroviaire marocaine. Ils permettent également de renforcer l’interopérabilité et la complémentarité des différents segments du réseau.

Un horizon connecté pour un Maroc du futur
Avec ce projet de grande envergure, le Maroc change d’échelle dans sa politique de mobilité. Il ne s’agit pas seulement d’un saut technologique ou d’un exploit d’ingénierie, mais bien d’un levier stratégique de transformation économique, sociale et territoriale. En améliorant l’accessibilité, en réduisant les disparités régionales et en stimulant la croissance verte, le Royaume se dote d’un instrument puissant de compétitivité et de cohésion nationale.
« C’est un choix structurant pour les générations futures », déclarent en chœur plusieurs observateurs du secteur. « Le rail devient un vecteur de souveraineté technologique, d’autonomie énergétique et de justice territoriale. »

En donnant le départ des travaux de la LGV Kénitra-Marrakech, le Roi Mohammed VI inscrit résolument le Maroc dans le club restreint des nations tournées vers l’avenir, capables de concilier performance économique, impératifs climatiques et développement humain. À l’horizon 2030, le Royaume ambitionne d’ériger l’un des réseaux ferroviaires les plus modernes et connectés d’Afrique et du monde arabe.