El Arja: l’Algérie délimite à sa manière les frontières avec le Maroc
El Arja, ou quand l’Algérie délimite à sa manière les frontières avec le Maroc
Peu de gens savent pourquoi le tracé des frontières a pris une forme oblique alors qu’il aurait dû former une ligne droite, dans cette région de Figuig. Il s’agirait, en fait, d’un deal entre Oufkir et Boumediene. Un deal qui permet notamment à l’Algérie d’occuper 18 hectares de terres agricoles marocaines.
Des éléments de l’armée algérienne ont monté leurs tentes et se sont installés dans l’oasis d’El Arja, sur des terres appartenant à des citoyens marocains, dans la région de Figuig.
Les militaires algériens ont d’abord commencé par installer deux tentes. Une troisième, sur laquelle flotte le drapeau algérien, est apparue, samedi, sur ces terres agricoles, historiquement propriété des Marocains.
D’après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui rapporte l’information dans son édition du lundi 22 mars, l’Algérie considère cette région comme une partie de son propre territoire, en se basant sur une interprétation erronée de l’accord d’Ifrane de 1972 portant sur la délimitation des frontières entre les deux États.
Pour le moment, affirme le quotidien, l’Etat marocain fait montre de retenue et de sagesse.
En effet, le Royaume ne s’est pas laissé prendre au piège de l’escalade et n’a donc pas répondu à cette énième provocation du voisin de l’Est.
Une attitude qui rappelle celle de 1975, lorsque l’ancien homme fort du pays voisin, Houari Boumediene, avait expulsé des dizaines de milliers de familles marocaines.
Pour l’heure, la seule réaction officielle est cette réunion tenue, le 16 mars, par le gouverneur de Figuig avec plusieurs exploitants de terres agricoles situées à El Arja.
La rencontre, précise le quotidien, avait pour objectif d’étudier les solutions susceptibles d’atténuer les retombées de la décision des autorités algériennes sur les exploitants de ces terres agricoles. La décision algérienne a été interprétée de différentes manières.
Plusieurs analystes affirment qu’il s’agit d’une provocation de l’Algérie, après les multiples victoires diplomatiques du Royaume concernant son intégrité territoriale.
Sinon, pourquoi l’Algérie se serait-elle subitement souvenue de ces terres exploitées, depuis des décennies, par des citoyens marocains?
Du côté algérien, on prétend qu’il s’agirait d’une opération de sécurisation des frontières et de lutte contre le trafic de drogue, surtout après la décision du Maroc de légaliser l’utilisation du cannabis à des fins médicales et industrielles.
Pour bien d’autres observateurs, le tracé des frontières dans cette région présente beaucoup de zones d’ombre. La région de Figuig est entourée de trois côtés par les frontières, ce qui est anormal. Dans la zone d’El Arja, le tracé prend une forme courbe.
Alors qu’il devait s’agir d’une ligne droite, souligne Al Ahdath Al Maghribia. Et le quotidien d’ajouter que le tracé des frontières dans cette zone est l’œuvre d’Oufkir, à la veille de la tentative du coup d’Etat de 1972.
Le général putschiste aurait ainsi cédé une grande partie des terres des habitants du Ksar Oulad Souleymane, dans une tentative de normalisation avec le régime du colonel Boumediene.
C’est d’ailleurs pour cette raison, précise Al Ahdath Al Maghribia, que le tracé des frontières dans cette zone prend une forme oblique permettant à l’Algérie de mettre la main sur 18 hectares de terres agricoles qui, historiquement, reviennent au Maroc.
Cet accord sur la délimitation des frontières a été adopté douze ans plus tard par le Parlement. Et les deux parties ont oublié la question d’El Arja, pour ne s’en rappeler qu’aujourd’hui.