lundi, novembre 10, 2025
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Pourquoi le leader de la Mocro Maffia a du mal à trouver un avocat

Ridouan Taghi, leader de la Mocro Maffia, sans avocat : une défense en crise dans le procès Marengo

Le procès du tristement célèbre chef de la Mocro Maffia, Ridouan Taghi, connaît un nouveau rebondissement. Le baron du crime, incarcéré dans la prison de haute sécurité de Vught (Pays-Bas), se retrouve sans avocat et affirme être prêt à accepter « tout défenseur désigné, quelle que soit sa compétence », face à l’impasse judiciaire du procès Marengo.

🔹 Une défense en déroute depuis plusieurs années

Ridouan Taghi, condamné à la prison à perpétuité pour son rôle central dans un vaste réseau criminel actif entre les Pays-Bas, la Belgique et l’Espagne, tente depuis plusieurs mois de constituer une nouvelle équipe juridique.
Cependant, chaque tentative se solde par un échec. En avril 2025, son dernier avocat, Vito Shukrula, a été arrêté pour avoir transmis des informations sensibles à l’organisation criminelle. Avant lui, Ines Weski, une avocate de renom, avait également été inculpée pour complicité, un an et demi après l’arrestation de Youssef Taghi, cousin et ancien avocat du criminel.

Ces précédents ont profondément marqué le milieu judiciaire néerlandais, instaurant un climat de méfiance et de peurautour de toute personne envisageant de défendre Taghi.

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🔹 Un appel désespéré depuis sa cellule

Lors d’une audience en visioconférence retransmise depuis la prison de Vught, Ridouan Taghi a dénoncé ce qu’il qualifie de « procès impossible ».

Je saisirais la moindre bouée de sauvetage, a-t-il déclaré, reprochant à la Cour d’appel d’Amsterdam de ne pas accorder assez de temps aux avocats potentiels pour préparer sa défense.

Il a comparé la situation à un « train lancé à pleine vitesse sans frein d’urgence », pointant la volonté du tribunal de poursuivre les audiences malgré l’absence de représentation légale.
Selon lui, « tout avocat qui me défend deviendra un paria ». Une situation qui, selon ses dires, viole ses droits fondamentaux à un procès équitable.

🔹 Dix mois sans avocat sur dix-neuf : une situation inédite

Depuis le début de la procédure en appel, Taghi a passé 10 des 19 derniers mois sans avocat, un fait inédit dans l’histoire judiciaire néerlandaise.
Un porte-parole de la Cour d’appel a reconnu une situation « indésirable », tout en affirmant la volonté du tribunal de voir le procès se poursuivre coûte que coûte.
Le ministère public a par ailleurs demandé au contrôleur de la profession d’avocat d’intervenir à nouveau afin de désigner un défenseur d’office, estimant qu’aucune issue n’était envisageable avant « deux ou trois mois ».

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🔹 Des conditions de détention extrêmes à Vught

Ridouan Taghi a également dénoncé les conditions d’isolement strictes dans lesquelles il est détenu depuis six ans :

C’est un régime sans loi. Je ne vois personne, je n’entends personne. Cela fait trois ans et demi que je n’ai pas pu passer un seul appel téléphonique. Je veux en finir au plus vite, a-t-il déploré.

Considéré comme le criminel le plus dangereux des Pays-Bas, Taghi reste placé sous un régime carcéral d’exception, avec une surveillance permanente et une interdiction de tout contact extérieur, hormis avec ses avocats — quand il en a un.

🔹 Un procès sous tension et un symbole d’impuissance judiciaire

Le procès Marengo, l’un des plus importants de l’histoire criminelle européenne, met en lumière les limites du système judiciaire face à une criminalité transnationale organisée et violente.
L’incapacité des autorités à lui assigner durablement un avocat illustre la pression exercée par la Mocro Maffia sur le monde juridique, mais aussi la fragilité d’un équilibre entre sécurité et droit à la défense.