jeudi, novembre 6, 2025
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L’installation définitive de Faudel au Maroc lui a beaucoup coûté

🎵 Faudel, le « petit prince du raï » exilé à Marrakech : renaissance d’un artiste brisé

Il fut l’un des visages les plus populaires de la scène musicale française à la charnière des années 2000. Voix solaire, sourire juvénile et énergie contagieuse, Faudel Belloua, surnommé à l’époque le “petit prince du raï”, symbolisait une génération d’artistes issus de l’immigration, à la croisée de deux cultures. Mais derrière l’image d’un succès fulgurant se cache une trajectoire bien plus tourmentée, faite de désillusions, de blessures et de renaissance. Aujourd’hui âgé de 46 ans, l’interprète de Tellement N’brick vit à Marrakech, loin de la scène française, où il tente de reconstruire une vie plus apaisée.

🌟 Des débuts éclatants et une ascension fulgurante

Tout a commencé dans les années 1990, à Mantes-la-Jolie, où le jeune Faudel, passionné de musique, se produit dans des fêtes locales avant d’être repéré par la production. Son talent, sa voix douce et sa capacité à moderniser le raï le propulsent très vite sur le devant de la scène. L’album Baïda (1997) le révèle au grand public, et il devient rapidement l’un des symboles du renouveau du raï français.

En 1998, son destin bascule avec le concert mythique 1, 2, 3 Soleil, aux côtés de Khaled et Rachid Taha. L’événement, enregistré à Bercy, consacre Faudel comme le digne héritier de la musique algérienne populaire et un pont entre les cultures. Il enchaîne les succès, multiplie les tournées internationales et devient l’un des rares artistes franco-maghrébins à séduire un public aussi large.

⚡ La chute après le soutien à Nicolas Sarkozy

Mais en 2007, la machine s’enraye brutalement. Lors de la campagne présidentielle française, Faudel affiche publiquement son soutien à Nicolas Sarkozy, un choix qu’il paiera très cher. Dans une industrie culturelle souvent marquée par la gauche, cette prise de position provoque une véritable tempête médiatique. Boycotté, moqué, abandonné par une partie de son public, Faudel voit sa carrière s’effondrer.

« J’ai fait un choix sincère, mais mal compris. On m’a collé une étiquette politique, alors que je suis avant tout un artiste », explique-t-il aujourd’hui avec recul. Les années suivantes sont difficiles : contrats annulés, scènes raréfiées, isolement. En 2011, il craque. « Je suis venu au Maroc pour faire une pause. En réalité, j’étais en plein burn-out. La pile était complètement déchargée. À 33 ans, j’étais épuisé, vidé, cramé », confie-t-il dans les colonnes de Paris Match.

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💔 Une rupture familiale longue de douze ans

Cette fuite salutaire vers le Maroc, d’abord pensée comme une parenthèse, deviendra un exil définitif. Installé à Marrakech, l’artiste retrouve le calme, mais perd ce qu’il a de plus cher : le lien avec ses enfants. Depuis douze ans, il n’a plus revu ses deux premiers enfants, Enzy et Yana, nés de sa relation avec Anissa Raiah, son ex-compagne.

« Je n’ai plus vu mes deux premiers enfants depuis que je me suis installé définitivement au Maroc », avoue-t-il, ému. Cette séparation s’est doublée d’un conflit judiciaire autour des pensions alimentaires. « Mon ex-femme m’accuse encore aujourd’hui de ne pas les avoir payées. Mais j’ai tous mes relevés de comptes, je peux prouver que j’ai toujours assumé mes responsabilités », affirme-t-il.

Malgré cette blessure, Faudel garde une immense fierté pour son fils aîné. « Enzy est devenu avocat d’affaires. Je suis très fier de lui. Mais je dois reconnaître qu’à 23 ans, je n’étais pas prêt à être père. J’étais jeune, insouciant et dépassé par tout ce qui m’arrivait. »

🌴 Marrakech, le refuge et la renaissance

À Marrakech, Faudel a trouvé une seconde chance. Il y mène aujourd’hui une vie paisible, loin des strass, avec sa nouvelle épouse Hala, une institutrice marocaine rencontrée dans la ville ocre. Le couple s’est marié en 2017 et a deux enfants, Loulia (7 ans) et Taim (5 ans). L’artiste se consacre désormais à sa famille et à quelques projets musicaux locaux, entre studios et concerts intimistes.

« Ici, j’ai retrouvé la foi, la simplicité et la paix. Marrakech m’a sauvé », confie-t-il. Il évoque même son envie de revenir sur scène, mais sans précipitation : « Si je reviens, ce sera pour la bonne raison, avec un message sincère. Plus pour plaire, mais pour partager. »

🎤 Un symbole d’une génération écartelée

Le parcours de Faudel, fait d’éclats et de chutes, reflète celui d’une génération d’artistes partagés entre deux rives, deux cultures, deux fidélités. Aujourd’hui, loin de la frénésie médiatique, il revendique son droit à la tranquillité et à la reconstruction.

« J’ai appris que la gloire ne vaut rien si elle n’est pas accompagnée de paix intérieure », conclut-il avec sérénité. À Marrakech, le petit prince du raï est peut-être devenu un homme apaisé — moins visible, mais sans doute plus vrai.