Maroc : détérioration de la situation de l’emploi entre 2014 et 2024
Maroc : détérioration de la situation de l’emploi entre 2014 et 2024 (HCP*)
*Le Haut Commissariat au Plan (HCP) est le principal producteur de la statistique officielle au Maroc.
Le taux de chômage au Maroc a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 16,2 % en 2014 à 21,3 % en 2024, selon les données publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans le cadre du recensement général de la population et de l’habitat 2024. Cette augmentation du taux de chômage met en évidence une dégradation continue de la situation de l’emploi dans le pays, avec des disparités importantes entre les zones urbaines et rurales, ainsi que des différences marquées en fonction du sexe et des régions.
Réduction de l’activité économique
Le recensement révèle également une diminution notable du taux d’activité, qui désigne la proportion de la population âgée de 15 ans et plus exerçant une activité économique. En 2024, seulement 41,6 % des Marocains font partie de la population active, contre 47,6 % en 2014. Cette baisse concerne toutes les catégories de population, mais elle est particulièrement marquée chez les femmes. Le taux d’activité des hommes a diminué de 75,5 % en 2014 à 67,1 % en 2024, tandis que celui des femmes a chuté de 20,4 % à 16,8 % pendant la même période.
Le Haut-Commissariat au Plan précise que cette baisse du taux d’activité est plus marquée en milieu urbain, où il a diminué de 49,1 % en 2014 à 43,8 % en 2024, et en milieu rural, où il est passé de 45,1 % à 37,6 %. Cela pourrait refléter plusieurs dynamiques économiques et sociales, dont un déséquilibre entre les opportunités d’emploi en ville et à la campagne, ainsi que des évolutions dans les secteurs économiques traditionnels.
Le chômage : une tendance à la hausse
Le taux de chômage a suivi une tendance haussière préoccupante. En 2024, il a atteint 21,3 %, contre 16,2 % en 2014, soit une augmentation significative de 5,1 points. En milieu urbain, où les possibilités d’emploi sont plus nombreuses, le taux de chômage est passé de 19,3 % à 21,2 %. En revanche, la situation est particulièrement alarmante en milieu rural, où le taux de chômage a explosé, atteignant 21,4 % en 2024 contre 10,5 % en 2014. Cette hausse spectaculaire dans les zones rurales témoigne d’un manque d’opportunités économiques et d’une pression croissante sur l’agriculture et les petites industries locales, deux secteurs traditionnellement dominants dans ces régions.
Inégalités entre les sexes
Le chômage touche plus sévèrement les femmes que les hommes, bien que la situation des femmes se soit légèrement améliorée au cours de la période analysée. En 2024, le taux de chômage féminin est de 25,9 %, contre 29,6 % en 2014, ce qui montre une réduction, bien que faible, du chômage chez les femmes. En revanche, le taux de chômage masculin a augmenté de manière inquiétante, passant de 12,4 % en 2014 à 20,1 % en 2024, un phénomène particulièrement préoccupant dans le contexte d’une population masculine de plus en plus nombreuse sur le marché du travail.
Disparités régionales
Le chômage au Maroc n’affecte pas toutes les régions de la même manière. Les disparités régionales sont importantes, et certaines régions sont particulièrement touchées. Guelmim-Oued Noun, dans le sud du pays, connaît le taux de chômage le plus élevé, avec un taux de 31,5 %. Cette région, peu développée économiquement, souffre de l’isolement géographique et d’un manque d’infrastructures adaptées à la diversification des activités économiques. Elle est suivie par L’Oriental (30,4 %), une région également marquée par des conditions économiques difficiles et une insuffisance de projets créateurs d’emplois. Béni Mellal-Khénifra (26,8 %) et Laâyoune-Sakia El Hamra (26,6 %) affichent également des taux de chômage préoccupants.
À l’inverse, certaines régions du Maroc présentent des taux de chômage plus modérés. Dakhla-Oued Ed-Dahab, au sud du pays, se distingue comme la région la moins touchée par le chômage, avec un taux de seulement 10,6 %. Cette région, bénéficiant de son statut de zone de libre-échange et de ses projets de développement liés à la pêche et au tourisme, parvient à mieux absorber les tensions sur le marché du travail. Casablanca-Settat, la région la plus industrialisée et urbaine, affiche un taux de chômage relativement modéré de 18,8 %. Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Souss-Massa, avec des taux respectifs de 19,6 % et 19,7 %, connaissent également des niveaux de chômage relativement élevés, mais moins graves que dans les régions du sud et de l’intérieur.
Enfin, la région de Rabat-Salé-Kénitra, capitale politique du pays, présente un taux de chômage de 19,8 %, ce qui reflète une situation relativement stable mais qui mérite une attention particulière, notamment dans un contexte où la demande de main-d’œuvre qualifiée est en augmentation.
En bref…
En bref, la situation de l’emploi au Maroc est préoccupante. Le taux de chômage élevé et l’augmentation des inégalités entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’entre les sexes, révèlent des défis économiques majeurs. Le pays devra mettre en place des politiques d’emploi plus efficaces et davantage inclusives, visant à réduire ces disparités, favoriser la croissance économique et encourager l’investissement dans les régions les plus touchées. La jeunesse et les femmes, notamment, doivent être au cœur des initiatives visant à promouvoir un marché du travail plus dynamique et équilibré.