Appropriation du caftan marocain : revers de l’Algérie à l’UNESCO
Appropriation du caftan marocain : l’Algérie recadrée par l’UNESCO
À Asuncion, au Paraguay, où se déroule la 19ᵉ session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (2-7 décembre), le Maroc a vivement protesté contre une nouvelle tentative d’appropriation culturelle menée par l’Algérie. Cette session, présidée par Nancy Ovelar De Gorostiaga, a permis d’examiner plusieurs candidatures pour la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, dont celle controversée soumise par l’Algérie en mars 2023.
Le contexte de la controverse : la candidature algérienne
L’Algérie avait présenté un dossier intitulé « Le costume féminin de cérémonie dans le Grand Est de l’Algérie : savoir-faire associés à la confection et à la parure de la Gandoura et de la Melehfa ». Cependant, le contenu de ce dossier incluait des éléments visuels et descriptifs clairement associés au patrimoine marocain. Une des illustrations incriminées montrait un caftan typique de la ville de Fès, brodé au mejboud, un savoir-faire ancestral marocain. La légende attribuait ce caftan au patrimoine algérien, une démarche qualifiée par le Maroc de « tentative flagrante d’appropriation culturelle ».
En mai 2024, Mehdi Bensaïd, ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, avait alerté Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, sur la gravité de cet acte. Dans une lettre officielle, il dénonçait l’utilisation abusive d’éléments appartenant à l’héritage marocain, appelant au retrait des images et textes liés à cette confusion. Il soulignait que ces pratiques portent atteinte à l’identité culturelle marocaine, largement reconnue pour son savoir-faire dans l’art du caftan, transmis de génération en génération.
Les actions du Maroc à Asuncion
Lors de la session du 4 décembre, la délégation marocaine, représentée par Samir Addahre (ambassadeur auprès de l’UNESCO) et Mustafa Jellouk (directeur du patrimoine culturel), a réitéré ces objections. Une protestation officielle a été déposée au cours de l’examen de la candidature algérienne. L’intervention marocaine a insisté sur plusieurs points :
– Respect des principes de l’UNESCO : Samir Addahre a rappelé que la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel vise à promouvoir le rapprochement des peuples et non à exploiter ou instrumentaliser le patrimoine à des fins politiques.
– Problème de la documentation : Il a souligné que les illustrations présentées dans le dossier algérien, notamment celle du caftan marocain, étaient introduites de manière injustifiée et inappropriée, sans lien avec les éléments décrits.
– Appel à une vigilance accrue : Le Maroc a demandé une modification explicite des procédures de documentation. À cet effet, le Comité intergouvernemental a intégré une nouvelle clause précisant que l’utilisation de documents visuels dans un dossier de candidature ne confère aucune origine, propriété intellectuelle ou appropriation de l’élément culturel présenté.
Décision du Comité intergouvernemental
Le Comité a favorablement accueilli la protestation du Maroc et a exigé le retrait de la photo du caftan marocain du dossier algérien. Cette décision constitue une victoire symbolique pour le Royaume, qui lutte depuis des années contre des tentatives similaires de la part de l’Algérie.
Déclarations du Maroc
Dans son discours, Samir Addahre a remercié les États membres et l’organe d’évaluation pour leur réponse positive aux préoccupations marocaines. Il a rappelé que le caftan marocain, véritable trésor du patrimoine immatériel marocain, fait actuellement l’objet d’une candidature officielle pour l’inscription sur la Liste représentative de l’UNESCO au cycle 2025. Il a également mis en garde contre l’exploitation de l’UNESCO pour revendiquer des éléments patrimoniaux ne correspondant pas à l’héritage authentique des pays soumissionnaires, tout en insistant sur l’importance de respecter l’intégrité culturelle et les réalités historiques.
📍Asunción, Paraguay
« Le caftan marocain (…) fait l’objet de tentatives d’appropriation au même titre que d’autres éléments du patrimoine vivant marocain ». (Ambassadeur Samir Addahre @Maroc_UNESCO – 19e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du… pic.twitter.com/gsTfmusRgE
— 2M.ma (@2MInteractive) December 4, 2024
Le #Maroc fait échouer la tentative d’appropriation d’éléments du #PatrimoineImmateriel #marocain par l’ #Algérie.
C’est la 1ère fois que le Comité du #PatrimoineImmateriel de l’@UNESCO_fr adopte dans une décision d’inscription, la contestation présentée par un pays,le #Maroc. 🇲🇦 pic.twitter.com/mUbQbynAmE— Le Maroc à l’UNESCO 🇲🇦 (@Maroc_UNESCO) December 4, 2024
Le Comité du #PatrimoineImmateriel de l’@UNESCO_fr adopte dans une décision d’inscription algérienne, 1 paragraphe inédit qui répond clairement à la contestation introduite par le #Maroc sur l’utilisation trompeuse de photos et de vidéos avec des éléments du patrimoine #marocain. pic.twitter.com/ciq6BK2MYR
— Le Maroc à l’UNESCO 🇲🇦 (@Maroc_UNESCO) December 4, 2024
Conséquences et perspectives
Ce développement marque une étape importante dans la protection du patrimoine marocain. Le Maroc demeure engagé dans la valorisation de ses traditions, notamment à travers des candidatures pour le caftan, mais également pour d’autres éléments patrimoniaux reflétant son identité culturelle riche et diversifiée. En parallèle, cette affaire illustre l’importance d’une vigilance internationale accrue face aux tentatives d’appropriation culturelle, particulièrement dans des forums multilatéraux comme l’UNESCO.
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