Algérie : des dizaines d’artisans marocains détenus arbitrairement
ALGÉRIE : DES DIZAINES D’ARTISANS MAROCAINS DÉTENUS ARBITRAIREMENT
Suite au décès tragique d’un de leurs compagnons et à la frustration engendrée par des mois de non-paiement de leurs salaires, un groupe d’artisans a exprimé son mécontentement envers leurs employeurs. Cette colère découle de la découverte par ces travailleurs de ce qu’ils considèrent comme une manipulation calculée à leur détriment.
Il s’agit d’un groupe d’artisans marocains, experts dans les techniques traditionnelles de la mosaïque (zellige) et du plâtrage, qui se retrouve actuellement détenu par les autorités algériennes à Tlemcen. Selon les informations relayées par le quotidien Assabah dans son édition du 18 avril, plusieurs dizaines de ressortissants marocains, originaires des villes de Taza et de Fès, sont maintenus en détention de manière ce qu’ils jugent arbitraire depuis plusieurs jours.
Ces arrestations font suite aux protestations de ces artisans contre leurs employeurs, qui refusent de leur verser leurs salaires depuis plusieurs mois.
Des sources informées, mentionnées par le quotidien, ont affirmé que ces artisans ont été victimes d’abus qui ont tragiquement conduit à la mort d’un d’entre eux, suite à un acte perpétré par un officier algérien dans la région de Sidi Bel Abbes. Le seul tort de la victime était d’avoir réclamé le paiement pour le travail qu’elle avait effectué, comme le précise le journal.
Bien que la justice ait été saisie de l’affaire, la sentence de seulement quatre mois de prison pour l’accusé a été considérée comme clémente par les collègues et compatriotes de la victime, ainsi que par les défenseurs des droits de l’homme algériens, selon Assabah.
Selon Brahim El Ghaouti, un spécialiste renommé du patrimoine marocain qui a lui-même résidé de nombreuses années en Algérie, « l’obsession des autorités algériennes pour le zellige marocain et leur volonté d’appropriation du patrimoine marocain ont atteint un niveau tel que des artisans marocains se trouvent désormais pris au piège dans ce pays. »
Il ajoute que la région de Tlemcen a été le théâtre de multiples tragédies où de nombreux artisans marocains ont été victimes d’escroqueries, de vols de leurs documents, et ensuite d’arrestations après avoir demandé le paiement de leur dû. Certains ont même été victimes de violences physiques et de blessures après avoir été dépouillés de leurs biens.
Pour attirer les artisans marocains, les Algériens ont employé diverses stratégies, leur promettant des rémunérations généreuses et la possibilité de créer des entreprises spécialisées dans le zellige et le plâtrage marocains. Cependant, ces promesses se sont révélées être des pièges, les artisans croyant investir dans des entreprises en partenariat avec des Algériens selon la formule 49/51, mais découvrant qu’ils étaient en réalité dépouillés de leur argent.
Selon l’expert en patrimoine marocain, une liste conséquente de victimes, comprenant des artisans et des travailleurs du secteur hôtelier, entre autres, témoigne de la situation. Tous ont été attirés par l’argent proposé par les autorités algériennes, mais ont finalement été maltraités et privés de leurs biens dès lors qu’ils ont exprimé le souhait de retourner dans leur pays d’origine.