Maroc : les craintes d’Israël
MAROC : LES CRAINTES D’ISRAËL
L’Institut pour les études sur la sécurité nationale relevant de l’Université de Tel-Aviv a récemment publié une analyse approfondie sur les implications de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par Israël.
Selon cette étude, cette reconnaissance pourrait apporter de nombreux avantages à Israël dans ses relations avec le Maroc. Toutefois, certains points de préoccupation pourraient également nuancer les effets positifs de cette reconnaissance.
Depuis l’officialisation des relations bilatérales entre le Maroc et Israël suite aux accords d’Abraham, la coopération entre les deux pays a connu une évolution rapide et notable dans divers domaines tels que la défense, la sécurité, la culture, le tourisme et la recherche. Cela a permis une augmentation significative du volume des échanges économiques entre les deux nations.
Sur le plan stratégique, la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara permettrait au Maroc de renforcer ses capacités militaires face aux menaces du groupe séparatiste armé qui se fait appeler « polisario », qui reçoit un soutien (financier, logistique, matériel, etc.) de l’Algérie et de l’Iran.
Pour Israël, cela ouvrirait la voie à de nouvelles opportunités en matière de sécurité dans la région. D’un point de vue économique, cette reconnaissance pourrait faciliter la levée des obstacles qui freinent actuellement la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. Elle pourrait également encourager la signature d’un traité de protection des investissements entre le Maroc et Israël, offrant une protection juridique aux investisseurs israéliens et favorisant ainsi le développement de nouveaux partenariats commerciaux.
Toutefois, malgré les avantages potentiels, l’étude souligne que le Maroc doit rester prudent sur certains engagements en raison de considérations internes et de ses liens avec le monde arabe.
La question palestinienne reste un sujet sensible pour le Maroc, et son engagement historique en faveur de la cause palestinienne reste très populaire auprès de très nombreux Marocains (la majorité) et dans l’ensemble du monde arabe.
Cela pourrait limiter la capacité du Maroc à étendre pleinement ses relations avec Israël, surtout en période d’escalade de tension israélo-palestinienne.
Par conséquent, il est essentiel pour le Maroc de gérer habilement ses intérêts nationaux et ses engagements internationaux tout en continuant de soutenir la cause palestinienne.
La position du Maroc à ce sujet est claire.
La même source met en évidence que des responsables marocains ont fréquemment exprimé leurs critiques concernant les actions israéliennes envers les Palestiniens et sur le Mont du Temple. Jeudi 27 juillet 2023, le Maroc a réitéré sa condamnation de la persistance des incursions par certains responsables israéliens dans la Mosquée Al-Aqsa et son esplanade à Al-Qods, avec la participation de certains extrémistes parmi leurs partisans.
De son côté, Israël doit également prendre en compte ces sensibilités et chercher à consolider les avantages stratégiques et économiques que cette reconnaissance offre sans pour autant compromettre les relations bilatérales en période de tensions régionales.
La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara par Israël a le potentiel de renforcer les liens entre les deux pays et de favoriser leur coopération dans divers domaines.
Cependant, les questions liées à la Palestine et à la politique régionale restent des facteurs clés à considérer, et ces sujets seront déterminants pour le développement durable de cette relation diplomatique complexe.
L’étude de l’Institut pour les études sur la sécurité nationale relevant de l’Université de Tel-Aviv retient que la politique d’Israël et du gouvernement Netanyahu d’étendre l’occupation en Cisjordanie (en toute illégalité), sans la moindre progression vers une résolution de la question palestinienne, «pourraient poser des défis» au renforcement des relations entre le Maroc et Israël.
Ces actions pourraient aussi amplifier les critiques et les condamnations exprimées à l’égard des liens bilatéraux dans certains milieux politiques au Maroc, où « l’opinion publique reste fortement hostile envers Israël ».
Le centre d’études souligne également que le Maroc a toujours maintenu un soutien clair envers la Palestine et les musulmans d’Al-Qods occupée, une position qui a été réaffirmée à plusieurs reprises par des hauts responsables, y compris le roi Mohammed VI, qui préside le Comité Al-Qods.
Selon l’institut, cette position engagée « restreint la possibilité d’étendre les relations avec Israël pendant les périodes de tension accrue entre Israël et la Palestine.
Dans un scénario évoquant l’évolution des relations entre le Maroc et Israël, l’institut souligne que le Maroc reste encore prudent concernant certains engagements, qui pourraient même être soumis à une « possible annulation ».
Cette prudence découle des considérations internes et arabes auxquelles le Maroc est sensible, rappelant ainsi l’engagement historique et de longue date du Maroc en faveur de la cause palestinienne, qui demeure très populaire parmi de nombreux Marocains et dans l’ensemble du monde arabe.