L’ONU met en garde contre la détérioration des rapports entre Israël et la Palestine
L’ONU MET EN GARDE CONTRE LA DÉTÉRIORATION DES RAPPORTS ENTRE ISRAËL ET LA PALESTINE
En dépit de la résolution 2334 émise en 2016 par le Conseil, les colonies israéliennes continuent à s’implanter alors que les violences et les provocations venant des deux camps jettent le doute sur une possible solution au conflit, a déploré l’envoyé de l’Organisation des Nations unies, Tor Wennesland.
Présentant devant le Conseil de sécurité son rapport sur la situation au Moyen-Orient, le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a tout d’abord rappelé que la résolution 2334 demande à Israël d’arrêter immédiatement et complètement toute activité d’implantation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem Est, déclinant par la suite la longue liste des plus récentes infractions à cette résolution par les colons israéliens.
De l’annonce, le 25 juillet, par le gouvernement israélien, de projets de construction de 1.215 logements près du quartier palestinien d’Umm Tuba, à la décision, deux jours plus tard par la Cour suprême israélienne d’accepter l’implantation de colons dans un site illégal à Mitzpeh Kramin, de l’annexion, pour la deuxième fois cette année, avec l’aide de soldats israéliens, d’une maison palestinienne inoccupée près d’Hébron, aux nouveaux projets de 700 logements à Jérusalem Est près de quartiers palestiniens, cette liste s’accompagne de 316 démolitions de structures palestiniennes en Cisjordanie, justifiées par l’absence de permis de construire impossibles à obtenir par ces mêmes Palestiniens, ayant pour résultat l’éviction de 237 personnes, dont 116 enfants.
À cela s’ajoutent le départ de près de la moitié des familles d’une communauté de bergers de Ras al Tin, le 12 juillet, et la destruction prévue dans la localité de Masafer Yatta.
La même résolution de 2016 préconise des mesures immédiates pour éviter tout acte de violence contre les civils, y compris tout acte de terreur, de provocation et de destruction, mais, selon le Coordinateur spécial, en Cisjordanie, 29 Palestiniens, dont six enfants, ont été tués et 1.813 personnes dont 194 enfants ont été blessés par les forces de sécurité israéliennes durant des opérations de maintien de l’ordre ou durant des affrontements.
Pour leur part, les colons israéliens ont perpétré 128 attaques contre des Palestiniens causant un mort et 51 blessés.
À Gaza, durant l’escalade de la violence entre Israël et les groupes armés palestiniens au mois d’août, on a dénombré 49 morts palestiniens, pour plus de la moitié des civils, et selon les autorités de Gaza, la destruction de 600 logements.
Tor Wennesland a décrit le menu quasi quotidien des provocations, attaques en règle et violences entre Palestiniens et colons durant l’été, et les réponses souvent disproportionnées et parfois létales des forces israéliennes à Gaza et en Cisjordanie.
Il s’est aussi attaché à rappeler, au nom de la même résolution, que les déclarations provocatrices et les incitations à la violence se poursuivaient dans les deux camps, plaçant dos à dos plusieurs élus de la Knesset qui accusent le Président palestinien Mahmoud Abbas d’être un terroriste ou suscitent des violences contre les Palestiniens pendant leurs déplacements, et des officiels de l’OLP ou du Fatah qui glorifient ouvertement les auteurs d’attaques terroristes contre des Israéliens.
Le Coordinateur spécial a noté des signes positifs dans les mesures visant à remédier aux actions sur le terrain mettant en péril la solution à deux États.
Parmi eux, les contacts du Président palestinien Mahmoud Abbas avec le ministre israélien de la Défense Benny Gantz et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, puis, lors de la visite du Président américain Joe Biden en Israël et dans les territoires occupés, l’annonce de contributions de plusieurs centaines de millions de dollars aux hôpitaux de Jérusalem Est, à l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens, l’UNRWA, et à la réponse à l’insécurité alimentaire.
Des avancées qui coïncident avec l’émission de 16.000 nouveaux permis de travail en Israël pour les Palestiniens et une augmentation significative de la circulation et des échanges de marchandises aux points de passage principaux.
Néanmoins, l’envoyé de l’ONU a noté quelques revers préoccupants, comme le retrait de l’agrément à six écoles palestiniennes accusées d’incitations anti-israéliennes par le ministère israélien de l’Éducation, la désignation de plusieurs ONG comme des associations illicites, et les fouilles et la fermeture par la police de sept organisations à Ramallah, ainsi que la condamnation à 12 ans de prison de Mohammed el-Halabi, ancien Directeur de World Vision à Gaza, pour implication dans des crimes terroristes, en dépit d’irrégularités de procédure judiciaire.
Tor Wennesland a cité les observations du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui se dit gravement préoccupé par l’escalade de la violence à Gaza et par la détérioration de la sécurité et les affrontements armés israélo-palestiniens en Cisjordanie.
António Guterres rappelle en ce sens à Israël qu’il doit se conformer aux obligations du droit humanitaire international.
Le droit humanitaire international exige l’usage proportionnel de la force, et prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civils durant ses opérations militaires.
Mais il déplore que l’absence d’unité intra palestinienne continue de nuire aux aspirations nationales palestiniennes et à sa capacité à répondre aux besoins de la population.
Le Coordinateur spécial a noté avec satisfaction la réaffirmation par le Premier ministre Yaïr Lapid de son soutien à une solution à deux États, le 22 septembre, comme l’appel du Président Mahmoud Abbas, à l’Assemblée générale des Nations Unies à une résolution pacifique du conflit et au rétablissement d’un « horizon politique » mais il a regretté que l’absence d’un processus pacifique significatif pour en finir avec l’occupation israélienne et avec le conflit provoque une dangereuse détérioration de la situation dans les territoires occupés, contribuant à la perception que le conflit est sans solution.
« Les Israéliens et les Palestiniens doivent déterminer comment ils envisagent leur avenir », a-t-il dit, faisant noter que « les négociations ne peuvent être reportées indéfiniment ».