vendredi, novembre 22, 2024
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Le patron de l’armée algérienne attaque le Maroc

Le patron de l’armée algérienne attaque le Maroc




Alors qu’il assistait à Moscou à une conférence sur la sécurité internationale, le patron de l’armée algérienne, le général Said Chengriha, a accusé le royaume du Maroc de menacer la paix dans la région maghrébine et a distillé son venin à propos de ce qu’il appelle «la dernière colonie en Afrique».




Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le sénile général Said Chengriha, vient d’assister, à Moscou, à la 9e Conférence sur la sécurité internationale, organisée par le ministère russe de la Défense, les 23 et 24 juin derniers. Il est à constater de prime abord que tous les pays participant à cette conférence étaient représentés par les ministres de la Défense ou leurs adjoints.

À de très rares exceptions dont l’Algérie, où ni un représentant de la présidence algérienne, détentrice du portefeuille de la Défense, ni le secrétaire général de ce ministère, le général-major Mohamed Salah Benbicha, n’ont dirigé la délégation algérienne.

En raison d’enjeux hautement stratégiques, comme les «affaires» d’achat d’armement militaire et autres commissions qui vont avec, Chengriha a tiré toute la couverture médiatique sur lui. Ainsi les grandes lignes de son discours, prononcé ce jeudi 25 juin 2021 devant les participants à cette conférence, ont été rapportées par l’APS.




Ceci sur la foi d’un communiqué du ministère algérien de la Défense. Said Chengriha y a clairement montré, de par les sujets politiques et diplomatiques abordés, que toutes les institutions du pays, de la présidence de la République au gouvernement, en passant par le Parlement et la Constitution qui régit leurs rapports, ne sont que des instruments aux mains de la junte militaire.

En tout cas, les propos du chef de l’armée algérienne sur le Sahara marocain apportent la preuve, à qui pouvait encore en douter, que c’est l’état-major qui définit et gère la politique étrangère du pays.

Selon l’APS, «Saïd Chengriha a mis l’accent sur l’impératif, pour l’ONU, de prendre ses responsabilités afin de résoudre ce conflit qui date de longues années», ajoutant qu’«à ce contexte sécuritaire qui marque la région maghrébine et sahélo-saharienne, s’ajoute le conflit armé au Sahara occidental, et ce, à l’issue de la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu le 13 novembre 2020».




Il a également exigé «la désignation d’un représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara», alors qu’il est de notoriété publique que c’est l’Algérie qui bloque cette désignation, dans l’espoir d’avoir un candidat taillé sur mesure.

Le général, âgé de 76 ans et souffrant de plusieurs maladies dont une incontinence urinaire, a donné la mesure de la haine de la junte au pouvoir envers le Maroc, en récitant les éléments de langage installés par Houari Boumediene. «Le Sahara occidental constitue la dernière colonie en Afrique et son peuple aspire à exercer librement son droit à l’autodétermination.

À ce titre, j’ai à maintes fois souligné que les agissements du colonisateur visant à annexer avec force les territoires sahraouis, tout en faisant fi du concept de respect des droits de l’homme dans les territoires occupés, sont incompatibles avec la Charte de l’ONU et l’Acte constitutif de l’Union africaine dont la République arabe sahraouie démocratique est un membre fondateur», a-t-il affirmé.




Un média proche des généraux n’a pas hésité à qualifier cette intervention de «sévère mise en garde du général Saïd Chengriha au Maroc à partir de Moscou».

Néanmoins, les vrais enjeux de la visite de Chengriha à Moscou sont d’un autre ordre. Après avoir reçu, le 17 juin courant à Alger, Dimitri Chougaev, patron de la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie, et le directeur de Rosoboronexport, l’agence en charge des exportations de l’armement russe, Chengriha a rencontré à nouveau ces deux hommes à Moscou.

Malgré cette période de vaches maigres pour les finances algériennes, les contrats d’armement et autres dessous de table ont été au menu de ces rencontres. Le chef d’état-major de l’armée algérienne a aussi quémandé aux Russes une importante cargaison de blé, denrée indispensable à la paix sociale en Algérie, et qu’il a demandé de fournir d’urgence.




Pour rappel, l’Algérie avait choisi depuis 2016 de zapper les exportateurs russes de blé et d’importer cette denrée de France et d’Allemagne. Mais le récent scandale au port d’Oran et la découverte de deux porcs morts dans une cargaison de blé en provenance de France ont mis en exergue les graves dysfonctionnements dans ce secteur.

D’ailleurs, cette situation a conduit au limogeage de l’ancienne équipe qui dirigeait l’agence algérienne en charge des importations de céréales, et à la perte d’une cargaison de quelque 27.000 tonnes de blé tendre.

Ce qui a eu pour conséquence de faire exploser le prix de la farine dans certaines wilayas de l’ouest du pays. Le fournisseur français de blé a finalement été placé sur une liste noire, selon le ministre algérien de l’Agriculture, Abdelhamid Hamdani, et c’est la Russie qui est désormais sollicitée.




Aux dernières nouvelles, une cargaison de 28.000 tonnes de blé est actuellement en cours de convoyage par train vers un port de la Mer noire, en attendant son envoi vers l’Algérie.

La sortie de Chengriha à partir de Moscou contre le Maroc résonne aussi comme une pitoyable supplication d’un parapluie russe au moment où l’Algérie traverse une crise multiforme: finances en berne, réserves de change dilapidées, président illégitime et qui dérape à volonté, élections sans public, pénurie très inquiétante de l’eau qui est désormais rationnée au compte-goutte à Alger, diplomatie aphone, hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité, exacerbation des différences identitaires qui menacent sérieusement l’unité du pays…

Sonné par la taille et le succès retentissant des exercices militaires African Lion entre l’armée américaine et les FAR, le chef de l’armée algérienne est venu mendier un soutien à Moscou. L’allié russe lui a fait la charité de le laisser proférer ses inepties à partir de Moscou. L’exercice auquel s’est livré Chengriha est somme toute rhétorique. Indigne d’un militaire et d’un homme de terrain.