UE-maroc: le retour des immigrés illégaux contre plus d’argent pour le Maroc
Union Européenne-maroc: le retour des immigrés illégaux, en échange de plus de fonds pour le royaume du Maroc
L’Union européenne (UE) exige du Maroc de réaliser davantage d’efforts pour faciliter le retour de ses immigrés illégaux établis dans les différents pays du vieux continent, en échange d’une augmentation des aides fournies au Royaume, rapporte, ce lundi, le quotidien espagnol El País, citant un document confidentiel du Conseil européen.
Conscients du fait que le Maroc est un «partenaire prioritaire dans la stratégie migratoire», les 27 pays communautaires «sont prêts à mettre plus de fonds sur la table, y compris des propositions à long terme, mais ils cherchent un moyen d’amener le Maroc à accepter leurs demandes», indique El País.
Il précise que cette tâche «n’est pas facile», puisque «Rabat réclame plus d’argent et la reconnaissance de son importance sur l’échiquier migratoire européen».
«Bruxelles est convaincue qu’après l’augmentation des arrivées de migrants clandestins aux îles Canaries, la relation avec le Maroc doit être repensée globalement sur la base d’objectifs à long terme», énonce la publication, précisant que toutefois la négociation sur cette question entre les deux parties est «toujours bloquée».
«Les 27 estiment que le lancement de leur nouveau cadre financier (2021-2027) et de l’instrument de voisinage, de développement et de coopération internationale (IVDCI) offrent l’occasion idéale de marquer un tournant dans la relation avec Rabat», selon El País.
Il informe sur le fait que cet instrument est doté d’un budget de 79,5 milliards d’euros (près d’un quart pour les pays voisins de l’UE), auquel s’ajoute un budget de 9,5 milliards d’euros pour les interventions d’urgence.
Citant le document confidentiel de l’UE, El País indique que «le Maroc aspire à être l’un des principaux bénéficiaires [de cet instrument, Ndlr]. Toutefois, la présidence du Conseil européen détaille dans le texte les exigences que Bruxelles pourrait formuler en échange d’une coopération plus étroite».
L’UE souhaite avant tout que Rabat facilite davantage le retour de ses ressortissants. L’Espagne et la France ont une collaboration plus fluide dans ce domaine, mais ce n’est pas le cas des autres pays européens.
«La coopération avec les Etats membres en matière de réadmission reste inégale», admet le document, cité par le journal espagnol. En 2019, près de 35.000 Marocains ont reçu l’ordre de quitter l’UE, mais seuls 29% d’entre eux ont pu être renvoyés.
Bruxelles souhaite aussi que le Maroc réadmette les migrants de pays tiers en échange d’une politique de visas plus favorable aux Marocains, mais la négociation, sur ce point, est au point mort depuis 2015.
Au-delà du retours des immigrés illégalement installés sur le territoire européen, et d’un déploiement accru aux frontières, les 27 veulent aussi renforcer l’échange d’informations avec le Royaume du Maroc et la coopération judiciaire et opérationnelle contre la traite des êtres humains, notamment par le biais d’agences de l’UE comme Frontex ou Europol, explique El País.
«Le Royaume du Maroc a souvent eu l’impression que la proposition de l’UE de renforcer ses capacités [de contrôle des frontières, Ndlr] sous-estime ses propres capacités», peut-on lire dans ce document confidentiel que dévoile le quotidien espagnol.
«D’autre part, le Royaume du Maroc affirme fréquemment qu’il a besoin d’un soutien sous forme d’équipements dans ce domaine», révèle El País.
Dans le même ordre d’idées, El País souligne que «des sources espagnoles plaident en faveur du Maroc et mettent en garde contre le risque de subordonner la coopération internationale à la collaboration en matière de politique migratoire, comme le souhaitent plusieurs partenaires au sein de l’UE».
«Les pays de la périphérie, comme l’Espagne, préfèrent opter pour l’entente avec leurs voisins afin de réguler des flux migratoires qui ne vont pas disparaître par un simple blindage des frontières», estime le quotidien madrilène à grand tirage.
Ces mêmes sources espagnoles nient que Rabat ait des «ambitions élevées» en ce qui concerne les budgets de l’UE, comme le suggère le document du Conseil, et assurent que «le Maroc veut simplement des programmes d’investissement liés à la politique de voisinage, à l’instar des autres pays de la région».