Maroc – États-Unis: la légation américaine de Tanger fête ses 200 ans
Maroc – États-Unis: la légation américaine de Tanger fête ses 200 ans
Il y a deux cent ans, le sultan du Maroc offrait au gouvernement américain une maison située dans la médina de Tanger. La Légation américaine devient ainsi la plus ancienne représentation diplomatique des États-Unis dans le monde.
Située au cœur de l’ancienne médina de Tanger, la bâtisse de la Légation américaine est le symbole vivant des relations séculaires qui lient le Maroc aux États-Unis.
Le bâtiment est ouvert depuis 200 ans, et abritent deux siècles d’archives et autres trésors qui n’ont pas de prix, commente le quotidien Al Akhbar qui publie un dossier sur «l’histoire jamais contée de la légation américaine de Tanger». L’ouverture de la plus ancienne représentation américaine au monde date de 1821, dans un contexte historique particulier pour le Maroc.
À cette époque, le Sultan Moulay Slimane voulait absolument réduire l’influence britannique sur le commerce local et mettre fin aux provocations espagnoles et portugaises sur les côtes marocaines.
Et avec son ouverture sur un jeune État qu’étaient alors les États-Unis, le sultan avait certainement évité au Maroc les conséquences d’une guerre qui allait embraser la zone du Détroit de Gibraltar.
Cette bâtisse que le sultan Moulay Slimane avait offert au gouvernement américain en guise de symbole d’amitié est devenu aujourd’hui, explique le quotidien, un musée qui abrite un archive inestimable et des document unique notamment sur l’époque où Tanger était une zone internationale.
C’est également dans ce bâtiment, sous forme d’une maison marocaine, qu’ont eu lieu bien de manœuvres diplomatiques menées par les États-Unis dans le cadre de leurs relations avec l’Europe et le reste du monde.
C’est également depuis ce bâtiment que les États-Unis ont suivi dans les détails les coulisses de la conclusion de l’acte du protectorat entre la France et le Maroc et entre l’Espagne et le Maroc.
C’est aussi à la Légation américaine de Tanger qu’étaient accueillis les diplomates et consuls américains qui se trouvaient sur le sol marocaine jusqu’aux années 50 du siècle dernier lorsque les États-Unis ont ouvert leur ambassade à Rabat.
Depuis cette date, Légation américaine a cessé d’être une plaque tournante de la diplomatie US dans la région pour devenir un monument historique et un symbole de la profondeur, la solidité et la richesse des relations entre les deux pays.
Au début, explique Al Akhbar, les États-Unis se contentaient d’envoyer des chargés de mission qui séjournaient dans la Légation jusqu’à la fin de leur mission. C’étaient des fonctionnaires diplomatiques.
Mais au début du XXe siècle, les États-Unis ont décidé de nommer un consul général, George Edmund Holt, qui est resté en poste jusqu’en 1909.
Dans ses mémoires, ce dernier a raconté que pour vivre à Tanger, il fallait pratiquer plusieurs langues (anglais, espagnol, français et arabe dialectal).
Il fallait aussi surveiller de près l’évolution du cours de devise. Le cours du dollar pouvait changer plusieurs fois durant la même journée. D’après le diplomate américain, la ville était facile à vivre. Il racontait que la semaine comptait trois jours de repos.
Le vendredi où les musulmans ferment leur boutique pendant toute la journée et alors qu’ils sont à la mosquée, les juifs et les chrétiens continuaient à vaquer à leurs affaires.
Le samedi, alors que les juifs observaient le shabbat, les musulmans et les chrétiens assuraient l’animation dans la ville.
Le jour d’après, ce sont les chrétiens qui prennent le chemin de l’église britannique ou espagnole, alors que les deux autres communautés maintenaient l’activité économique permanente.