Un impôt sur la fortune pour lutter contre les inégalités au Maroc?
Un impôt sur la fortune pour lutter contre les inégalités au royaume du Maroc?
La crise sanitaire du coronavirus a creusé les écarts entre les pays de la région MENA, dont le Maroc. Pour lutter contre ce fléau, l’ONG Oxfam suggère d’imposer un impôt sur la fortune.
Dans sa récente étude intitulée «pour une décennie d’espoir et non d’austérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord», l’ONG internationale Oxfam plaide pour une reprise juste et inclusive pour lutter contre les inégalités.
En effet, le fossé entre les plus riches et les plus pauvres dans la région MENA se creuse en raison du coronavirus, rapporte Oxfam, qui détaille: « Vingt et un des magnats les plus riches du Moyen-Orient dans ont vu leur valeur nette augmenter de 10 milliards de dollars depuis le début de la pandémie ».
La COVID-19 devrait pousser 45 millions d’Arabes et de Nord-Africains dans la pauvreté et 1,7 million risquent de perdre leur emploi, indique encore l’agence humanitaire. Selon elle, la pandémie a «suralimenté» un effondrement économique causé par des années de conflit et fait peser le plus lourd fardeau sur les plus vulnérables.
Une taxe sur le patrimoine pour lutter contre les inégalités
Au Maroc, Oxfam préconise une taxe de 2% sur le patrimoine net qui «aurait permis de lever près de 6,17 milliards de dollars entre 2010 et 2019».
Cette somme, souligne-t-elle, «aurait pu être utilisée pour étendre l’assurance maladie obligatoire à 7,5 millions de personnes supplémentaires, doublant ainsi la population couverte».
Pendant la crise sanitaire, le Maroc a introduit une allocation de chômage mensuelle de 2 000 dirhams pour les travailleurs formels et des transferts monétaires pour les ménages de 800 à 1 200 dirhams par mois, rappelle Oxfam,qui relève que «si un impôt solidaire sur la fortune avait été adopté à 5%, les revenus générés (sur les données de 2019)?
Ils auraient pu être suffisants pour presque doubler les dépenses du royaume du Maroc pour la réponse au nouveau coronavirus». Bien qu’aucune de ces solutions n’ait été adoptée dans la région et au Maroc, les inégalités à MENA se creusaient.
Le rapport indique qu’entre 2010 et 2019, le nombre de personnes ayant un patrimoine net élevé avec des actifs de 5 millions de dollars ou plus au Maroc, a augmenté de 24%, et leur richesse combinée est passée à 221,5 milliards de dollars.
En revanche, les ménages du Royaume ont vu leurs dépenses de santé augmenter au cours de la dernière décennie: la part à la charge des dépenses totales de santé à 54% au royaume du Maroc.
Les femmes exposées à la menace
Le nouveau coronavirus menace les moyens de subsistance de 700.000 femmes du Moyen-Orient, soit environ 40% des 1,7 million d’emplois qui devraient être perdus, et ce, bien que les femmes de la région ne représentent que 20% de la main-d’œuvre.
Les 16 millions de travailleurs informels de la région, dont beaucoup travaillent sur des chantiers de construction dans les pays arabes du Golfe comme le Qatar, sont particulièrement vulnérables car ils manquent de protection juridique et sociale si le virus les met au chômage.
Dans les pays du Golfe, où ils n’ont aucune garantie de sécurité sociale ou de retraite, le taux d’infection était le plus élevé parmi les travailleurs migrants, dont beaucoup avaient déjà perdu leur emploi et ont été contraints d’utiliser leurs économies pour survivre.
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