Trafic de drogue entre le Maroc et l’Espagne : la Guardia Civil démantèle un réseau criminel utilisant des hélicoptères pour acheminer des tonnes de résine de cannabis vers l’Europe. Une opération spectaculaire aux ramifications internationales.
Maroc–Espagne : quand le narco-trafic prend de la hauteur
C’est une opération hors norme qui vient d’être révélée par les autorités espagnoles. Un réseau criminel utilisant des hélicoptères pour acheminer de grandes quantités de drogue depuis le Maroc vers le sud de l’Espagne a été démantelé par la Guardia Civil. Baptisée opération « Giro », cette enquête met en lumière l’évolution des méthodes du narco-trafic en Méditerranée occidentale, mais aussi l’intensification de la coopération sécuritaire entre Rabat et ses partenaires européens.
Un réseau criminel entre le Maroc et l’Andalousie
L’annonce est tombée samedi, confirmée par plusieurs sources policières espagnoles citées notamment par Cadena SER et l’agence de presse Reuters. Les forces de sécurité ont mis fin aux activités d’une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de drogue entre le Maroc et le sud de l’Espagne, dont la particularité résidait dans l’usage d’hélicoptères pour franchir la Méditerranée.
Six personnes ont été interpellées et placées en détention provisoire. Elles sont poursuivies pour trafic de stupéfiants, appartenance à une organisation criminelle structurée et détention illégale d’armes à feu. Pour les enquêteurs, il s’agit d’un coup porté à un réseau disposant de moyens financiers et logistiques considérables.
À lire aussi : Trafic de drogue par drones entre le Maroc et l’Espagne : la Garde civile démantèle un réseau international
Des hélicoptères pour contourner les routes classiques du trafic
Selon la Guardia Civil, les hélicoptères utilisés par le réseau pouvaient transporter entre 500 et 900 kilos de résine de cannabis par rotation. Ces appareils décollaient du territoire marocain pour rejoindre des zones isolées du sud de l’Espagne, principalement dans la province d’Almería, avant de disparaître des radars dans des secteurs peu fréquentés.
Une fois au sol, la marchandise était rapidement transférée vers des hangars, entrepôts ou propriétés rurales, disséminés en Andalousie et dans la région de Murcie. De là, la drogue était ensuite acheminée par voie terrestre vers d’autres marchés européens, alimentant un trafic à grande échelle.
Une enquête déclenchée par des mouvements nocturnes suspects
L’affaire remonte à plusieurs mois. Les enquêteurs ont commencé à s’intéresser au réseau après avoir détecté des déplacements nocturnes inhabituels de plusieurs individus entre les villes de Málaga et d’Almería, qui bordent la côte sud de l’Espagne, en Andalousie. Ces trajets répétés, souvent à des heures tardives, ont rapidement éveillé les soupçons d’un trafic structuré et d’ampleur.
Au fil des investigations, les autorités espagnoles ont mis au jour une coordination étroite avec des contacts basés au Maroc, chargés de l’organisation logistique des vols et des expéditions aériennes. Cette dimension transnationale a renforcé la complexité de l’enquête et nécessité un travail de renseignement approfondi.
À lire aussi : Narcotrafic Maroc-Espagne : des drones sous-marin saisis
Des saisies impressionnantes lors des perquisitions
Les opérations de police menées simultanément dans les provinces de Málaga, Almería et Murcie ont permis des saisies significatives. Au total, 657 kilos de résine de cannabis ont été récupérés, dont une partie dissimulée dans un domaine situé à Níjar, dans la province d’Almería.
Les forces de l’ordre ont également découvert un hélicoptère caché dans un entrepôt isolé, ainsi que cinq armes à feu, des sommes importantes en liquide et plusieurs véhicules utilisés pour le transport et la logistique. Autant d’éléments qui confirment le degré d’organisation et de professionnalisation du réseau démantelé.
Un mode opératoire rare et risqué
Pour les autorités espagnoles, l’utilisation d’hélicoptères constitue un mode opératoire exceptionnel dans le monde du narcotrafic. Un porte-parole de la Guardia Civil (Gendarmerie espagnole), cité par Reuters, a souligné le caractère atypique de cette stratégie, rappelant que ces appareils sont « faciles à détecter et difficiles à acquérir sur le marché noir ».
Ce choix audacieux traduit à la fois l’ingéniosité des réseaux criminels et leur capacité à investir massivement pour contourner les dispositifs classiques de surveillance maritime et terrestre.
Une coopération internationale renforcée
L’opération « Giro » a mobilisé plusieurs unités d’élite de la Guardia Civil, dont la Police judiciaire, l’Unité centrale opérationnelle (UCO), le Groupe d’action rapide (GAR) et le Centre régional d’analyse et de renseignement contre le narcotrafic (CRAIN). Mais au-delà du dispositif espagnol, cette enquête illustre aussi l’importance de la coopération sécuritaire internationale.
La Gendarmerie royale marocaine, ainsi que les polices fédérales belge et suédoise, ont apporté leur concours, confirmant le rôle central du Maroc dans les mécanismes de coordination régionale contre le crime organisé.
Vers une nouvelle ère du narcotrafic en Méditerranée ?
Cette affaire marque un tournant dans la lutte contre le trafic de drogue entre le Maroc et l’Europe. L’émergence de moyens aériens lourds témoigne d’une mutation profonde des réseaux criminels, prêts à prendre des risques accrus pour maintenir leurs flux.
Reste désormais à savoir si ce démantèlement freinera durablement ce type de trafic ou s’il ne représente qu’un épisode dans une course permanente entre trafiquants et forces de l’ordre qui jouent au chat et à la souris. Une chose est certaine : la bataille contre le narco-trafic se joue désormais aussi dans le ciel, et les prochaines évolutions pourraient bien redessiner les contours de la sécurité en Méditerranée occidentale.