lundi, décembre 8, 2025
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Maroc : développement de l’infrastructure gazière nationale du gaz

Le Maroc franchit une étape stratégique dans sa transition énergétique avec le lancement de deux appels à concurrence internationaux pour développer une infrastructure gazière nationale moderne : affrètement d’une unité flottante de stockage et de regazéification à Nador West Med et création d’un corridor national de gazoducs. Un projet structurant de près d’un milliard de dollars destiné à sécuriser l’approvisionnement du Royaume et à accompagner la hausse rapide de la demande énergétique.

Le Maroc accélère sa transition énergétique avec deux appels internationaux pour sa future infrastructure gazière

Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable vient de lancer deux appels internationaux majeurs pour bâtir l’ossature du futur réseau gazier national. Entre l’affrètement d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) à Nador West Med et la création d’un corridor national de gazoducs reliant les principaux pôles industriels, ce programme d’envergure place le Maroc sur une trajectoire claire : sécuriser son approvisionnement en gaz, diversifier ses sources d’énergie et soutenir son développement industriel en forte expansion.

Un double appel international pour poser les bases d’un réseau gazier moderne

Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD) vient de franchir une étape déterminante en lançant deux appels à concurrence internationaux destinés à structurer la future infrastructure gazière du Royaume.
Le premier concerne l’affrètement d’une FSRU — une unité flottante de stockage et de regazéification — qui sera déployée au sein du terminal GNL de Nador West Med. Ce dispositif permettra au Maroc d’importer du gaz naturel liquéfié dans les meilleures conditions, tout en garantissant une flexibilité opérationnelle essentielle pour répondre aux variations de la demande.

Le second appel vise le développement d’un corridor national de gazoducs, une initiative clé pour relier le port de Nador West Med au gazoduc Maghreb-Europe (GME), avant son extension vers les zones industrielles de Kénitra et Mohammedia. Cette colonne vertébrale gazière deviendra la première composante d’un futur réseau national de transport du gaz.

Une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) stratégique pour sécuriser l’approvisionnement national

Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a lancé une procédure avec présélection pour l’affrètement d’une FSRU, destinée à jouer un rôle central dans la stratégie gazière marocaine. En plus de ses fonctions de stockage et de regazéification, le propriétaire de l’unité pourrait installer une partie des équipements « topside », notamment les bras de chargement et les systèmes de raccordement. Ces infrastructures seront ensuite transférées à une entité publique avant la mise en service.

Ce terminal GNL, connecté au GME, représente un investissement estimé à 273 millions de dollars, et constitue une réponse directe à l’évolution rapide des besoins énergétiques du pays.

Un corridor national de gazoducs pour relier les zones industrielles clés

En parallèle, le ministère ouvre un second appel à préqualification internationale pour la conception, la construction, le financement et l’exploitation d’un réseau de gazoducs interconnectés.
Ce corridor reliera le port de Nador West Med au GME dans un premier temps, avant d’être prolongé vers les pôles industriels de Kénitra et Mohammedia, véritables moteurs de la croissance industrielle du Royaume.

Plus de 80 opérateurs internationaux ont déjà manifesté leur intérêt pour participer à cette phase initiale, témoignant de la forte attractivité du projet. Le coût global dépasse les 681 millions de dollars, dont 638,7 millions destinés au tronçon entre le GME et Mohammedia, et 42,5 millions dédiés au réseau secondaire approvisionnant les zones industrielles.

Une demande énergétique en forte croissance à l’horizon 2030

L’entrée en service du terminal GNL est prévue en 2027, une échéance essentielle pour absorber la croissance rapide de la demande nationale en gaz. Celle-ci devrait atteindre 8 milliards de mètres cubes par an dès 2027, contre 1,2 milliard actuellement. Cette augmentation est liée à plusieurs facteurs : la conversion au gaz de certaines centrales électriques, l’expansion industrielle et la réduction progressive du recours au charbon et au fioul.

À l’horizon 2030, les projections annoncent une demande pouvant grimper jusqu’à 12 milliards de mètres cubes, ce qui nécessitera la création d’un second point d’importation sur la façade atlantique, probablement à Mohammedia ou Jorf Lasfar. Le ministère envisage également une plateforme supplémentaire près du port de Dakhla afin d’accompagner le développement accéléré du Sud.

Un modèle en partenariat public-privé pour mobiliser expertise et capitaux

Pour mener à bien ce chantier stratégique, le Maroc s’appuie sur le cadre de la loi 86-12 relative aux partenariats public-privé, favorisant une synergie entre expertise internationale, capacités financières et contrôle public. Une short-list de candidats sera établie avant la fin du premier trimestre 2026, ouvrant la voie à un appel d’offres restreint.

Ce modèle doit permettre non seulement d’attirer des investisseurs de premier plan, mais aussi de garantir une exécution rapide et conforme aux standards internationaux.

Une étape fondatrice vers un marché national du gaz

Le corridor reliant Nador West Med, le GME, Mohammedia et les zones industrielles constitue la première pièce d’un futur réseau national de transport du gaz. Cette dorsale stratégique assurera l’alimentation fiable des pôles industriels, soutiendra la conversion au gaz des centrales thermiques et garantira une continuité logistique entre les différents terminaux et infrastructures existantes.

Avec un investissement total avoisinant 954,2 millions de dollars, cette première phase marque une avancée majeure pour la transition énergétique du Maroc. Elle prépare également le terrain à l’émergence d’un véritable marché national du gaz, capable de soutenir durablement la croissance économique et industrielle du pays.