mercredi, novembre 19, 2025
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Maroc : vers une hausse du prix du pain ?

Boulangeries au Maroc : la filière au bord de l’asphyxie et le prix du pain sous menace

Entre flambée des coûts de production, pénurie de matières premières de qualité et pression fiscale croissante, la filière boulangerie-pâtisserie marocaine tire la sonnette d’alarme. Les professionnels mettent en garde : sans mesures gouvernementales fortes et rapides, la crise pourrait entraîner une hausse inévitable du prix du pain, pilier de la consommation des foyers marocains.

Une filière en difficulté face à une hausse inédite des coûts

Au Maroc, les professionnels de la boulangerie-pâtisserie sont confrontés à une situation particulièrement préoccupante. La flambée du prix de la farine, des matières premières et des énergies a considérablement alourdi les charges quotidiennes des établissements. Pour beaucoup, les marges bénéficiaires se sont réduites à peau de chagrin, quand d’autres affichent désormais des pertes répétées qui menacent leur survie.
Selon un acteur du secteur, « la boulangerie ne peut plus couvrir ses dépenses quotidiennes », une affirmation qui reflète l’état critique d’une filière pourtant indispensable au tissu social et économique.

Le spectre de la hausse du prix du pain

Cette accumulation de contraintes laisse planer une menace qui inquiète autant les professionnels que les consommateurs : l’augmentation du prix du pain. Produit de base dans l’alimentation marocaine, il reste l’un des rares aliments dont le prix est resté stable malgré la pression inflationniste.
La Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries ne cache plus son inquiétude. Elle n’écarte pas, à défaut de solutions rapides, la possibilité d’une révision tarifaire du pain afin de permettre aux boulangeries de continuer à fonctionner. Cette perspective soulève toutefois des enjeux sociaux majeurs dans un contexte où le pouvoir d’achat est déjà fragilisé.

Une concurrence déloyale qui aggrave la crise

L’autre défi majeur auquel est confrontée la filière réside dans la montée d’une concurrence déloyale. De nombreux points de vente non réglementés, parfois dépourvus d’autorisations ou n’appliquant pas les normes d’hygiène et de qualité, tirent les prix vers le bas et fragilisent davantage les structures professionnelles.
Cette situation crée un déséquilibre économique profond et empêche les boulangeries modernes ou artisanales de rentabiliser leurs investissements, contribuant à l’érosion continue du secteur.

L’appel pressant au gouvernement pour une réforme globale

Pour faire face à cette crise multidimensionnelle, les professionnels demandent au gouvernement l’ouverture urgente d’un dialogue national. Ils souhaitent des mesures capables de restructurer durablement la filière et d’assurer sa pérennité.
Ils appellent notamment à une réorganisation complète du circuit de distribution de la farine, à l’amélioration de la qualité des intrants, à l’adoption de normes plus strictes en matière de sécurité alimentaire et à la mise en place d’un cadre légal clair encadrant les points de vente.
Ils espèrent également un soutien étatique — financier, fiscal ou logistique — afin de soulager les charges qui pèsent lourdement sur les professionnels, et de favoriser la modernisation des outils de production comme la formation continue du personnel.

Entre urgence économique et enjeu social majeur

Au-delà des difficultés propres au secteur, la situation interpelle par son impact sur l’ensemble de la société. Le pain, aliment central dans les foyers marocains, ne peut devenir un produit inaccessible. La Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries insiste sur l’importance d’une réforme globale, capable de concilier deux impératifs essentiels :
garantir la qualité et la sécurité des produits, tout en assurant la viabilité économique des boulangeries et le maintien d’un prix stable pour les consommateurs.
Sans intervention rapide, la filière risque de s’enliser, entraînant des conséquences économiques, sociales et sanitaires profondes.