vendredi, novembre 7, 2025
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L’équipe d’Algérie devrait porter un maillot inspiré de l’art du zellige marocain

Polémique autour du nouveau maillot algérien : Adidas relance la controverse sur le zellige marocain

À quelques semaines de la CAN 2025 au Maroc, la ressemblance du design du nouveau maillot de l’équipe d’Algérie avec le zellige marocain fait déjà débat.

À moins de deux mois du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, organisée au Maroc, une nouvelle polémique culturelle refait surface entre Rabat et Alger.
Selon plusieurs médias algériens, la sélection nationale d’Algérie devrait arborer un nouveau maillot signé Adidas, dont les motifs géométriques s’inspireraient directement du zellige marocain, cet art ancestral de la mosaïque originaire de Fès.

Cette révélation ravive une affaire sensible : en 2022, le Maroc avait menacé d’engager des poursuites judiciaires contre le même équipementier allemand, accusé alors d’appropriation culturelle après la présentation d’un maillot similaire conçu pour la sélection algérienne.

Un design familier : entre inspiration et appropriation

Les premières images diffusées par le site spécialisé footpack montrent un maillot blanc cassé, orné de motifs géométriques en bandes verticales, subtilement intégrés dans la texture du tissu.
Bien que présentés comme inspirés par les “paysages vibrants de l’Algérie”, ces motifs rappellent fortement les carreaux de zellige marocain, dont les formes symétriques et le raffinement décoratif sont emblématiques de l’architecture traditionnelle du Royaume.

Autre détail notable : le logo de la Fédération algérienne de football semble avoir été remplacé, sur certaines versions, par le drapeau national algérien placé au centre du maillot.
Le maillot, initialement conçu pour le Mondial 2026 en Amérique du Nord, pourrait être porté dès la CAN 2025, que disputera l’Algérie sur le sol marocain — une coïncidence qui pourrait accentuer la portée symbolique du geste.

Le précédent de 2022 : le Maroc fait valoir son patrimoine

En 2022, une polémique similaire avait éclaté après la présentation d’un maillot de l’équipe d’Algérie présentant déjà des motifs de zellige.
Le ministère marocain de la Culture avait alors officiellement protesté, rappelant que le zellige fassi est reconnu par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) comme élément du patrimoine culturel marocaindepuis 2015, au sein de la classification de Vienne des éléments figuratifs.

Le ministère avait également souligné que cet art, né au Xe siècle et perfectionné à l’époque des Mérinides, constitue l’une des expressions les plus authentiques de l’architecture marocaine.
Selon le communiqué d’alors, le zellige témoigne du savoir-faire artisanal et de l’identité historique du Maroc, reconnu par de nombreux experts et chercheurs, dont Rushita Choksey et Jean Constant.

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Un conflit diplomatique évité de justesse

Face à la pression médiatique et à la réaction officielle du Maroc, Adidas avait fini par retirer le maillot controversé à peine deux semaines après sa mise en ligne.
L’équipementier avait ensuite publié un communiqué évoquant des “discussions constructives” avec le ministère marocain de la Culture et exprimant son “profond respect pour le peuple et les artisans du Maroc”.
Adidas y affirmait regretter toute “confusion” autour du design et se disait désireux d’éviter tout malentendu culturel ou diplomatique.

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Un nouvel épisode sous tension avant la CAN 2025

L’apparition de ce nouveau maillot, quasi identique dans son inspiration, risque donc de raviver les tensions entre les deux pays voisins, dans un contexte déjà marqué par une rivalité sportive et politique latente.
Alors que le Maroc s’apprête à accueillir la CAN 2025, cette réapparition du zellige marocain sur le maillot algérienpourrait être perçue comme une provocation symbolique, voire une appropriation culturelle réitérée du patrimoine artistique national.

Pour l’heure, ni Adidas ni la Fédération royale marocaine de football (FRMF) n’ont officiellement réagi.
Mais l’affaire pourrait bien, une fois encore, dépasser le terrain sportif pour se muer en débat sur la propriété culturelle et l’identité du design dans le monde du football moderne.