jeudi, octobre 30, 2025
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Une nouvelle étape dans le projet du tunnel Espagne-Maroc

🌍 Tunnel Maroc–Espagne : une étude confirme la faisabilité technique du projet sous le détroit de Gibraltar

Une étude commandée par le gouvernement espagnol confirme que le projet de tunnel sous-marin reliant le Maroc et l’Espagne à travers le détroit de Gibraltar est désormais techniquement réalisable, pour un coût estimé à 8,5 milliards d’euros.
Cette conclusion relance un chantier historique imaginé depuis près d’un demi-siècle, désormais soutenu par des avancées technologiques majeures dans le domaine du forage et de l’ingénierie sous-marine.

🧭 Une prouesse technique devenue possible

L’étude a été menée par Herrenknecht, société allemande reconnue mondialement pour la conception de tunneliers à haute performance.
Selon le média espagnol Vozpópuli, les ingénieurs estiment que les outils technologiques actuels permettent enfin de surmonter les défis géologiques du détroit, notamment au niveau du seuil de Camarinal, considéré comme la section la plus complexe du tracé en raison de sa profondeur, de la pression marine et de la nature instable des roches.

🏗️ Vers une concrétisation progressive du projet

Commandée par la Société espagnole d’études pour la communication fixe du détroit de Gibraltar (Secegsa) — organisme rattaché au ministère espagnol des Transports —, l’étude a été remise au gouvernement en juin 2025.
Madrid analyse actuellement ses conclusions en vue d’un appel d’offres international prévu pour 2026, dans le cadre de l’actualisation du plan initial de 2007.

Selon le calendrier envisagé, les gouvernements marocain et espagnol devraient prendre une décision finale en 2027sur le lancement du premier tunnel exploratoire, qui marquera le début effectif des travaux. Ce tunnel de reconnaissance permettra de tester les conditions géologiques avant la construction de la galerie principale.

🌐 Coopération internationale et études complémentaires

Une délégation conjointe de la Secegsa et de la Société nationale d’études du détroit (SNED), son homologue marocaine, s’est rendue récemment en Norvège pour examiner le chantier du tunnel Rogfast, le plus long et le plus profond du monde actuellement en construction.
Parallèlement, des études sismiques et bathymétriques sont menées avec l’appui du Service géologique des États-Unis (USGS) afin d’assurer la sécurité et la durabilité du projet.

À lire aussi : Tunnel Maroc-Espagne: l’allemand Herrenknecht rejoint le projet

🚄 Un chantier titanesque aux dimensions stratégiques

Le tunnel exploratoire, long de 65 kilomètres, dont 40 sur la partie espagnole, devrait relier Vejer de la Frontera (province de Cadix) à la côte marocaine, avec une gare terminale connectée au réseau ferroviaire Séville–Cadix.
La durée estimée des travaux pour cette première phase est comprise entre six et neuf ans, selon les scénarios techniques.

Le coût total, évalué à plus de 8,5 milliards d’euros, inclut la galerie exploratoire, les tunnels définitifs, les infrastructures ferroviaires et les équipements technologiques. Une partie du financement pourrait provenir des fonds européens Next Generation, mobilisés pour les projets d’interconnexion stratégique.

⚡ Un axe de transport et de connectivité entre l’Europe et l’Afrique

Au-delà du transport de voyageurs et de marchandises, le tunnel abritera des infrastructures électriques et numériques, notamment des câbles de fibre optique et des interconnexions énergétiques.
Ce couloir multimodal ferait du détroit de Gibraltar un hub stratégique reliant durablement l’Europe et l’Afrique sur les plans économique, logistique et numérique.

📅 Un horizon à long terme

Les projections les plus optimistes évoquent un démarrage des travaux autour de 2030, en parallèle du Mondial de football 2030 coorganisé par le Maroc, l’Espagne et le Portugal.
Cependant, plusieurs experts estiment que la réalisation complète du tunnel pourrait n’intervenir qu’entre 2035 et 2040, compte tenu de la complexité du projet et des étapes de validation technique.

Le ministère espagnol des Transports a par ailleurs chargé la société publique Ineco d’évaluer la rentabilité économique du tunnel, en s’inspirant des modèles réussis du tunnel sous la Manche ou de la liaison ferroviaire à grande vitesse Figueras–Perpignan.

Ce projet pharaonique illustre la vision stratégique partagée par Rabat et Madrid pour faire du détroit de Gibraltar un trait d’union majeur entre les deux continents, au service de la coopération euro-africaine et du développement durable.