Maroc : le budget sera modifié pour prioriser la santé et l’éducation
Maroc : le gouvernement réoriente son budget 2026 vers la santé, l’éducation et la réduction des inégalités
Sous la pression d’un mouvement social mené par la jeunesse, la ministre des Finances, Nadia Fettah Alaoui, promet un budget recentré sur les priorités sociales et la cohésion nationale.

Face à la montée des revendications sociales et à la contestation croissante portée par la génération Z, le gouvernement marocain s’apprête à réviser la structure de son budget 2026.
Dans un entretien accordé à l’agence Reuters, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a annoncé une réorientation significative des dépenses publiques en faveur de la santé, de l’éducation et de la réduction des inégalités sociales.
« Le gouvernement a entendu les jeunes. Leur appel à une meilleure éducation, à des soins de santé dignes et à plus de justice sociale ne peut rester sans réponse », a déclaré la ministre en marge des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Une révision budgétaire dictée par la rue
Cette décision intervient dans un contexte marqué par les manifestations du mouvement GenZ 212, qui ont mobilisé des milliers de jeunes dans plusieurs grandes villes du royaume au cours des dernières semaines.
Ces rassemblements ont mis en lumière un profond malaise social, nourri par le chômage des diplômés, la cherté de la vie et la perception d’un déséquilibre des priorités gouvernementales.
Les manifestants dénoncent notamment les investissements massifs dans les infrastructures sportives et les stadesprévus pour la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, estimant que ces projets « détournent » des ressources nécessaires aux secteurs de base.
Santé et éducation : deux piliers stratégiques sous-financés
Lors de son entretien, Nadia Fettah Alaoui a reconnu que les dépenses publiques en santé et en éducation représentent actuellement moins de 9 % du PIB, un niveau jugé insuffisant pour répondre aux besoins croissants d’une population jeune et urbaine.
« Nous devons agir rapidement. Les citoyens ne peuvent pas attendre longtemps les fruits des réformes », a insisté la ministre, annonçant que des ressources seront réaffectées afin de produire des résultats tangibles à court terme.
Selon ses déclarations, le gouvernement présentera dans les semaines à venir une version révisée du projet de loi de finances (PLF), qui détaillera les nouveaux arbitrages budgétaires et les mesures prioritaires pour l’année à venir.
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Une inflexion politique significative
Cette réorientation marque un tournant politique majeur pour l’exécutif dirigé par Aziz Akhannouch. Longtemps concentrée sur les grands chantiers d’infrastructure, la stratégie budgétaire du gouvernement évolue désormais vers une approche plus sociale et inclusive, dans la droite ligne du modèle de développement national prôné par le Roi Mohammed VI.
L’objectif affiché est double : rétablir la confiance entre l’État et la jeunesse, tout en accélérant la convergence sociale entre les différentes régions du pays.
Ce rééquilibrage devrait également renforcer la crédibilité du Maroc auprès des bailleurs internationaux, qui appellent depuis plusieurs années à un investissement plus massif dans le capital humain.
Une feuille de route attendue
Les détails du nouveau plan budgétaire seront dévoilés après la présentation officielle du projet de loi de finances au Parlement, a précisé la ministre.
Les observateurs s’attendent à une augmentation substantielle des crédits alloués à la santé publique, à la formation professionnelle et à la modernisation du système éducatif, dans le cadre du chantier de généralisation de la protection sociale et de réforme du secteur public.