samedi, octobre 4, 2025
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Marocains expulsés d’Algérie en 1975 : le dossier relancé à l’ONU

Marocains expulsés d’Algérie en 1975 : le dossier relancé devant l’ONU

Cinquante ans après la “Marche noire” de décembre 1975, le Collectif international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie (CIMEA-75) relance le dossier sur la scène internationale. Depuis Genève, le collectif a présenté un rapport accablant devant les instances onusiennes, réclamant de l’Algérie la reconnaissance officielle de ses responsabilités, la restitution des biens confisqués et l’indemnisation des victimes de cette expulsion massive qui avait touché près de 45.000 Marocains.

Cette tragédie humaine, survenue le 8 décembre 1975, soit quatre jours avant l’Aïd El-Adha, a marqué des générations entières. En plein hiver, des familles entières ont été arrachées à leurs foyers, séparées et dépossédées de leurs biens, dans des conditions dramatiques. L’expulsion, menée en seulement 48 heures, est largement considérée comme un acte de représailles à la Marche verte organisée un mois plus tôt par le Maroc pour récupérer son Sahara alors sous domination espagnole. C’est en référence à cet épisode douloureux qu’elle fut baptisée la “Marche noire”.

Devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, le CIMEA-75 a présenté un rapport détaillédocumentant les violations des droits fondamentaux subies par les familles marocaines expulsées. Le collectif y exhorte les autorités algériennes à reconnaître cette injustice historique, à formuler des excuses officielles et à engager un processus de réparation et d’indemnisation en faveur des victimes et de leurs descendants.

Cette démarche s’inscrit dans une campagne internationale que l’organisation compte étendre à d’autres instances européennes. Après Genève, le CIMEA-75 prévoit de porter le dossier devant le Parlement européen à Strasbourg, puis à Bruxelles, siège de l’Union européenne. Le 8 décembre prochain, à l’occasion du 50e anniversaire de la “Marche noire”, un événement commémoratif symbolique sera organisé au Parlement européen et au Conseil de l’Europe, suivi d’une rencontre d’envergure à Bruxelles en janvier.

Fondée en 2021, l’ONG CIMEA-75 œuvre pour la justice, la reconnaissance et la réparation. Ses objectifs consistent à obtenir la restitution des biens confisqués illégalement, à défendre le droit à l’indemnisation et au regroupement familial des personnes injustement expulsées sous le régime du président Houari Boumédiène.

Selon les responsables du collectif, cette initiative ne se limite pas à la recherche d’une réparation matérielle. Elle vise également à restaurer la dignité des victimes, à préserver la mémoire collective et à promouvoir une réconciliation régionale fondée sur la vérité et la justice. Pour le CIMEA-75, la mémoire des peuples ne peut être effacée et demeure une condition essentielle à l’instauration de relations de bon voisinage entre le Maroc et l’Algérie.