Les Marocains consomment toujours plus de thé vert que de café
Les Marocains consomment toujours plus de thé vert que de café
Le thé vert, un pilier de la culture marocaine et la boisson préférée des Marocains
Au Maroc, le thé vert occupe une place centrale dans la vie quotidienne, bien au-delà de son simple rôle de boisson chaude. Avec une consommation annuelle moyenne d’environ 1,9 kilogramme par habitant, il est largement préféré au café, qui reste relégué au second plan, notamment en dehors des grandes villes. Cette consommation massive hisse le Maroc au 5ᵉ rang mondial des plus grands consommateurs de thé, juste derrière la Turquie, l’Irlande, le Royaume-Uni et la Russie, selon les données de l’Association marocaine des industriels du thé et du café (AMITC).
La tradition du thé vert à la menthe est profondément enracinée dans le mode de vie marocain et se transmet de génération en génération. Il accompagne tous les moments de la journée, que ce soit au réveil, après les repas ou lors des rencontres entre amis et en famille. « Dans les campagnes comme dans les villes, en hiver ou en été, le thé est une institution. Il est présent à toutes les occasions, qu’elles soient festives ou ordinaires, et demeure un symbole fort d’hospitalité et de convivialité », explique Mohamed Astaib, président de l’Association marocaine des industriels du thé et du café.
La préparation du thé au Maroc est tout un art, impliquant un rituel précis et des gestes codifiés. Servi dans des théières en métal et versé dans des verres décorés, il est souvent agrémenté de feuilles de menthe fraîche et d’une quantité généreuse de sucre, lui conférant une saveur unique et un goût sucré caractéristique.
Une consommation dominée par le thé vert chinois
Les Marocains consomment principalement du thé vert, avec une moyenne annuelle estimée à près de 70.000 tonnes, tandis que le thé noir reste marginal. Cette variété est quasiment exclusivement importée de Chine, qui demeure le premier fournisseur de thé vert du Royaume. En effet, le Maroc représente 25 % des exportations chinoises de thé, ce qui en fait le premier client mondial de la Chine pour ce produit.
En revanche, le thé noir, beaucoup moins populaire, provient essentiellement d’Inde et du Sri Lanka, qui sont parmi les plus grands producteurs mondiaux. Cependant, son consommation reste anecdotique comparée à l’omniprésence du thé vert.
Le marché marocain du thé est rigoureusement encadré, notamment en raison des fortes exigences sanitaires et de qualité imposées par les autorités locales. Le thé importé est soumis à des contrôles stricts, visant à garantir sa conformité aux normes sanitaires et à éviter toute présence de pesticides ou d’additifs nocifs.
Le café, une boisson en retrait mais en progression
Contrairement au thé, le café est bien moins ancré dans les habitudes des Marocains, bien qu’il gagne progressivement en popularité, notamment dans les zones urbaines. Il est souvent consommé dans les cafés et restaurants, mais reste loin derrière le thé en termes de quantité absorbée.
La consommation de café au Maroc est estimée à environ 40.000 tonnes par an, soit une moyenne de 800 à 900 grammes par habitant. Ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux de pays voisins comme la Tunisie, où la moyenne atteint 1,5 kg par habitant, et surtout l’Algérie, où elle s’élève à près de 3 kg par habitant.
Le café est souvent perçu comme une boisson citadine, prisée surtout par les jeunes générations et les travailleurs. Il est généralement consommé sous forme de café noir ou de café au lait, avec une préférence marquée pour les variétés corsées. Cependant, dans les zones rurales, le café demeure une boisson occasionnelle, servie principalement lors des grandes occasions ou dans des circonstances particulières.
Un marché du café diversifié et en pleine expansion
Contrairement au thé, dont la Chine détient presque le monopole au Maroc, le café provient d’une vaste palette de pays producteurs. Pour le café non torréfié, le Royaume s’approvisionne auprès de grands pays exportateurs, notamment le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, la Côte d’Ivoire, la Guinée, l’Indonésie, l’Éthiopie, Madagascar, l’Ouganda, la Tanzanie, le Togo et le Vietnam.
Quant au café torréfié, il est principalement importé d’Espagne, d’Italie, de France et des Pays-Bas, qui disposent d’un savoir-faire reconnu en matière de transformation et de torréfaction du café.
Le secteur du café au Maroc est en pleine expansion, porté par l’essor des chaînes de cafés modernes, telles que Starbucks (à boycotter), Costa Coffee ou encore des enseignes locales qui connaissent un succès grandissant. La montée en puissance de la culture du café se traduit également par un intérêt accru pour les nouvelles méthodes d’infusion, telles que l’expresso, le cappuccino et le café filtre, qui séduisent une clientèle de plus en plus exigeante.
Une tradition bien ancrée, mais un marché en mutation
Malgré l’émergence du café comme alternative dans les grandes villes, le thé vert conserve son statut de boisson nationale incontestée au Maroc. Il reste profondément enraciné dans la culture et le mode de vie des Marocains, bien au-delà d’une simple question de goût.
Les habitudes de consommation évoluent toutefois progressivement, avec une demande croissante pour le café, notamment chez les jeunes et les urbains, ce qui pousse les importateurs et distributeurs à diversifier leur offre pour répondre aux nouvelles tendances du marché.
L’avenir du marché des boissons chaudes au Maroc pourrait ainsi connaître une cohabitation plus marquée entre le thé et le café, sans pour autant remettre en cause la suprématie historique du thé vert, qui demeure un symbole fort de l’identité marocaine et un élément essentiel du patrimoine gastronomique du Royaume.