vendredi, janvier 31, 2025
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Transport maritime : une mesure américaine favorise le Maroc

Transport maritime : une mesure américaine favorise le Maroc

La Commission maritime fédérale américaine (FMC) a, de manière indirecte, favorisé le transport maritime passant par le Maroc en imposant désormais à certaines compagnies maritimes desservant les États-Unis de transiter par certains ports, dont ceux situés au Maroc. Cette décision représente une opportunité stratégique majeure pour des ports marocains comme Tanger Med.

Dans le cadre de cette nouvelle réglementation, les États-Unis ont accordé à certaines compagnies maritimes un monopole sur des routes maritimes spécifiques, à condition que leurs navires fassent escale dans certains ports, y compris ceux du Maroc. Une décision qui a rapidement suscité des interrogations parmi les acteurs du secteur maritime, soucieux des conséquences pour le Royaume. Selon les informations relayées par Les Inspirations Eco du 29 janvier, cette initiative pourrait transformer la dynamique du transport maritime entre le Maroc et les États-Unis.

Pour mieux comprendre cette évolution, il faut revenir à la période post-Covid. Face à l’augmentation des tarifs maritimes, les États-Unis ont mis en place la Shipping Act 2022, visant à renforcer la régulation du transport maritime international. Comme l’explique l’expert maritime Najib Cherfaoui, cité par le journal, cette législation permet à la FMC de mieux contrôler les pratiques des armateurs et de garantir un commerce extérieur plus équitable pour les États-Unis. En vertu de cette législation, la FMC a désormais le pouvoir de demander des documents sur des transactions effectuées à l’international, ce qui influe sur le système de transport maritime mondial, y compris sur les coûts et la tarification. C’est dans ce cadre que l’alliance Hapag-Lloyd/Maersk impacte directement le Maroc, notamment en améliorant les conditions du transport maritime.

Le Maroc tire un double bénéfice de cet accord, souligne Les Inspirations Eco. Premièrement, la baisse des coûts de transport maritime est significative. Par exemple, le prix d’un conteneur de 40 pieds entre la Chine et le Maroc est passé de 25 000 dollars en avril 2021 à seulement 4 000 dollars aujourd’hui. Ce coût plus bas est un facteur clé pour renforcer la compétitivité des exportateurs marocains. Deuxièmement, la FMC peut intervenir pour résoudre les blocages éventuels dans l’acheminement des conteneurs marocains à destination des États-Unis, garantissant ainsi une meilleure fluidité et sécurité des exportations, notamment pour des produits sensibles comme les agrumes et les primeurs. Ce développement profite également aux infrastructures maritimes du Maroc, en particulier à la plateforme portuaire de Tanger Med.

Le port de Tanger Med a récemment franchi une étape importante en 2024, en dépassant les 10 millions de conteneurs traités, ce qui solidifie son rôle de hub stratégique dans le bassin méditerranéen. Toutefois, cette forte demande met en lumière des défis liés à la capacité d’accueil du port. Selon Najib Cherfaoui, il reste encore 800 mètres de quais à aménager d’ici 2025, ce qui porterait la capacité totale du port à 12 millions d’EVP (équivalent vingt pieds). Cependant, il prévoit que la saturation complète pourrait intervenir dès 2027.

Face à cette évolution, des projets d’extension de Tanger Med sont envisagés. Pour l’horizon 2028, l’expert recommande une expansion rapide, notamment par la construction d’une nouvelle zone portuaire dans le cadre de Tanger Med Saison 3. Deux zones potentielles sont déjà identifiées : l’Est, près de Fnideq et Tétouan, et l’Ouest, entre Malabata et Fardioua, où les conditions géographiques sont particulièrement favorables à de nouvelles infrastructures portuaires. Toutefois, cette expansion pourrait nécessiter un retour vers le port de Tanger Ville pour répondre à la demande croissante, nuance le quotidien.

À plus long terme, il est impératif de prévoir des solutions pérennes pour le futur du secteur. Une proposition évoquée serait d’élargir les compétences de la TMSA (l’Administration portuaire), en la transformant en armateur. Cette évolution permettrait de garantir une expansion portuaire à une échelle internationale, tout en facilitant le renouvellement des concessions portuaires, dont la première échéance est fixée pour 2035. Cela assurerait ainsi la pérennité du développement des infrastructures maritimes du Maroc à l’échelle mondiale.