jeudi, janvier 30, 2025
InternationalNationalSociété

Tunnel Maroc-Espagne : le projet avance lentement mais sûrement

Tunnel Maroc-Espagne : le projet avance lentement mais sûrement

Le tunnel Maroc-Espagne, un projet stratégique d’envergure internationale qui avance lentement mais sûrement

Le gouvernement espagnol a confié à l’entreprise Herrenknecht Iberica, filiale du groupe allemand Herrenknecht, l’étude de faisabilité du tunnel sous-marin qui reliera le Maroc à l’Espagne. Herrenknecht est reconnu comme l’un des leaders mondiaux dans la fabrication de tunneliers et est une figure clé dans les projets d’infrastructures souterraines de grande envergure.

Ce tunnel sous le détroit de Gibraltar est un projet stratégique d’envergure internationale, qui progresse lentement mais de manière constante. Cette étude de faisabilité représente un jalon important dans le développement de cette infrastructure de transport. Elle fait partie d’une initiative plus large pilotée par la Société publique espagnole d’études pour la communication fixe à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA), chargée de superviser ce mégaprojet. SECEGSA a mandaté Herrenknecht Iberica pour évaluer les aspects techniques et logistiques du tunnel sous-marin, une entreprise particulièrement complexe en raison des défis géologiques et maritimes de la région.

Selon des informations rapportées par Arabian Gulf Business Insight, le détroit de Gibraltar est considéré comme un véritable « goulot d’étranglement » pour le transport entre l’Afrique du Nord et l’Europe. Il est notamment saturé par les flux de marchandises et de passagers. La réalisation d’un tunnel sous-marin offrirait une solution pour alléger cette congestion et augmenter l’efficacité du transport entre les deux continents. La porte-parole de Herrenknecht a également souligné que l’étude de faisabilité se concentrerait sur deux aspects essentiels du projet : la technologie utilisée pour la construction du tunnel et la logistique du transport de passagers et de marchandises à travers cette nouvelle infrastructure.

Parallèlement à cette étude de faisabilité, SECEGSA a déjà pris des mesures importantes pour évaluer les conditions géophysiques de la zone. Le 6 novembre 2024, SECEGSA a signé un contrat de location avec option d’achat d’un ensemble de quatre sismomètres sous-marins, d’une valeur totale proche de 500 000 euros, auprès de la société Tekpam Ingeniera. Ces instruments sophistiqués sont capables de sonder les profondeurs maritimes jusqu’à 6 000 mètres et fonctionneront sur une période de 6 à 24 mois. Ils permettront de mesurer la sismicité dans la zone du détroit de Gibraltar, un facteur crucial pour déterminer les conditions de sécurité et de faisabilité du projet, notamment en raison des risques sismiques dans la région.

Le projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar, qui remonte à 1979, a été lancé à l’initiative du défunt roi Hassan II du Maroc et de son homologue espagnol Juan Carlos Ier. Ce tunnel est envisagé comme l’une des infrastructures les plus ambitieuses au monde, tant par sa longueur que par son impact potentiel sur les échanges commerciaux et le tourisme entre l’Afrique du Nord et l’Europe. Ce projet symbolise également la coopération renforcée entre le Maroc et l’Espagne, deux pays liés par une proximité géographique mais séparés par un détroit historique.

Le futur tunnel devrait relier directement la ville de Tanger au Maroc à la province espagnole de Cadix, avec deux points de connexion majeurs : Punta Paloma à Tarifa en Espagne, et Malabata dans la baie de Tanger au Maroc. Le projet prévoit une infrastructure de 42 kilomètres de long, dont 27,8 kilomètres seront sous l’eau, traversant ainsi le détroit le plus étroit du monde entre deux continents.

Selon les estimations de SECEGSA, ce tunnel, une fois terminé, pourrait transporter plus de 13 millions de tonnes de marchandises par an, tout en permettant à 12,8 millions de passagers de voyager chaque année entre les deux continents. Ce projet transformerait les échanges commerciaux entre l’Afrique du Nord et l’Europe, en réduisant considérablement les coûts et les délais de transport, tout en augmentant la capacité d’accueil des ports européens et marocains. Il permettrait également de fluidifier le transit des passagers, ce qui favoriserait le tourisme entre les deux rives du détroit.

De plus, cette infrastructure offrirait de nouvelles perspectives pour la mobilité intercontinentale, en facilitant l’accès à un corridor de transport rapide et sécurisé, capable de supporter une forte demande de transport ferroviaire, tant pour les voyageurs que pour les marchandises.

Cependant, il convient de noter que bien que des progrès significatifs aient été réalisés, le tunnel de Gibraltar demeure un projet à long terme, avec des défis techniques, financiers et environnementaux considérables. L’étude de faisabilité menée par Herrenknecht Iberica, combinée aux analyses géophysiques en cours grâce aux sismomètres sous-marins, constituera une étape clé pour déterminer la faisabilité du projet et en préciser les détails techniques avant le lancement des travaux. La coopération internationale et l’engagement des deux gouvernements, ainsi que des entreprises spécialisées, sont essentiels pour que ce projet ambitieux devienne réalité.