Le Maroc va-t-il annuler le sacrifice de l’Aïd Al Adha cette année ?
Le Maroc va-t-il annuler le sacrifice de l’Aïd Al Adha cette année ?
Chaque année, le Maroc fait face à un besoin annuel de 3 millions de têtes de bétail pour la célébration du sacrifice de l’Aïd Al Adha, un rituel profondément ancré dans la tradition religieuse du pays. Cependant, l’actuelle sécheresse qui sévit dans le Royaume a durement impacté le secteur de l’élevage, entraînant la perte significative d’une grande partie du cheptel national. En raison de cette situation, il devient de plus en plus urgent de prendre des mesures exceptionnelles pour préserver l’équilibre économique et environnemental du pays. L’une des solutions envisagées serait d’annuler, au moins pour cette année, le sacrifice de l’Aïd Al Adha. Cette initiative aurait pour effet de permettre la reconstitution du cheptel, tout en contribuant à une baisse des prix des viandes rouges, qui sont devenus inaccessibles pour une partie de la population.
À l’approche de la fête, l’incertitude plane sur l’état du cheptel ovin, la campagne agricole de cette année restant très incertaine. Les agriculteurs, les éleveurs, ainsi que les citoyens marocains s’interrogent sur la gestion des stocks de bétail et sur la capacité du marché à répondre à la demande liée à cette grande fête religieuse. En dépit des espoirs placés dans des pluies bienfaitrices qui pourraient améliorer la situation, la réalité du terrain reste préoccupante.
Le quotidien arabophone Al Ahdath a souligné que l’économie marocaine souffrait d’un ralentissement de sa croissance en raison de la sécheresse persistante, qui a particulièrement affecté l’agriculture et l’élevage. L’impact de cette crise sur les secteurs clés du pays, notamment le marché de la viande, est tangible : les prix des viandes rouges, déjà en hausse depuis plusieurs mois, continuent de flamber, ce qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des Marocains. Le gouvernement a tenté de contenir cette hausse par plusieurs mesures, comme l’importation de bétail pour combler le manque de cheptel national, mais ces efforts ont eu un effet limité. Malgré ces importations, les prix continuent de grimper, et les familles les plus vulnérables ne bénéficient pas des mesures mises en place. De plus, la spéculation sur le marché a exacerbé la situation, rendant l’accès à la viande encore plus difficile pour une grande partie de la population.
Chaque année, le sacrifice de l’Aïd génère une demande de plus de 3 millions de têtes de bétail, ce qui, combiné à la réduction du cheptel national due à la sécheresse, met une pression énorme sur le marché. L’importation de bétail, bien que nécessaire pour répondre à cette demande religieuse, n’a pas permis de résoudre le problème, selon les autorités. Fouzi Lekjaa, ministre du Budget, a d’ailleurs précisé que ces importations n’ont eu ni un impact sur la baisse des prix, ni permis aux familles démunies d’accéder à la viande. En fait, la spéculation sur le marché a aggravé la situation, rendant la viande encore plus chère, et les efforts du gouvernement n’ont pas permis de stabiliser les prix de manière significative.
Dans ce contexte, il devient crucial de mettre en place des solutions alternatives pour protéger l’équilibre économique du pays. L’une des pistes envisagées est de réduire ou d’annuler, cette année, le sacrifice de l’Aïd Al Adha. Cette décision pourrait être soutenue par une réinterprétation de la Sunna, qui met en avant l’importance de l’acte de charité plutôt que du sacrifice lui-même. Selon les enseignements du Prophète (PSL), il est précisé que le sacrifice ne devait concerner que deux moutons : l’un pour lui et sa famille, et l’autre pour les pauvres de la communauté. De plus, le Calife Omar, dans un souci de justice sociale, avait lui-même décidé de ne pas pratiquer ce rite dans certaines circonstances. Cette tradition pourrait donc servir de base pour encourager une réduction du sacrifice, tout en soulignant l’importance de la solidarité envers les plus démunis.
Les oulémas jouent un rôle clé dans cette réinterprétation de la tradition, et il devient nécessaire de sensibiliser les citoyens sur les bienfaits d’une telle démarche. Une telle initiative pourrait aider à alléger la pression sur les éleveurs et à permettre une reconstitution du cheptel, tout en préservant les ressources naturelles du pays. Cela permettrait également de limiter les effets néfastes sur l’économie nationale, notamment dans un contexte où les prix des viandes rouges continuent d’exploser et où de nombreux foyers peinent à joindre les deux bouts.
La situation actuelle, marquée par une crise climatique prolongée, la diminution du cheptel et la flambée des prix, impose des décisions urgentes et pragmatiques. Le gouvernement, malgré ses efforts pour gérer cette crise, semble aujourd’hui face à l’impossibilité de résoudre complètement la situation dans le court terme. Il est donc temps de revoir les politiques en matière de gestion des rituels religieux et d’envisager des solutions plus adaptées à la réalité du terrain. À ce titre, une réitération des décisions prises en 1981 et 1996 concernant l’annulation du sacrifice de l’Aïd pour cette année pourrait s’avérer pertinente. Ce choix, loin d’aller à l’encontre des valeurs religieuses, viserait avant tout à protéger les ressources du pays, tout en permettant à chaque citoyen de participer au rituel dans un cadre plus solidaire et raisonnable.