Maroc : alimentation artificielle des nappes phréatiques asséchées

Le ministère chargé de l’Eau a récemment lancé un ambitieux programme visant à alimenter artificiellement les nappes phréatiques de certaines régions du pays, particulièrement les zones oasiennes, durement touchées par l’assèchement des ressources en eau dû aux changements climatiques. Ce programme fait partie d’un plan de sauvegarde global des nappes phréatiques, une initiative essentielle face à la crise hydrique qui frappe certaines régions du Maroc. Cette action vise à garantir l’approvisionnement en eau pour les populations et à préserver les écosystèmes, notamment les oasis, qui sont particulièrement vulnérables dans un contexte de sécheresse persistante.

L’objectif du programme : recharger artificiellement les nappes phréatiques
Les services du ministère de l’Équipement et de l’Eau, sous l’impulsion de Nizar Baraka, ont mis en œuvre plusieurs dispositifs de recharge artificielle des nappes phréatiques à travers le Royaume, afin de lutter contre le stress hydrique. Ces dispositifs, installés à divers endroits stratégiques, ont pour objectif de réinjecter de l’eau dans les nappes souterraines, qui alimentent ensuite les puits utilisés pour l’approvisionnement en eau potable dans certaines régions du pays. Cette action vient en complément des efforts déjà en cours pour adapter les infrastructures hydrauliques à la nouvelle réalité climatique.
D’après Assabah, un des principaux journaux marocains, Nizar Baraka a précisé qu’un programme de construction de seuils de recharge a été réalisé dans le cadre d’une vision proactive pour anticiper les effets du changement climatique. Ces seuils sont installés dans les cours d’eau pour infiltrer l’eau dans le sol et ainsi reconstituer les nappes phréatiques. Ce programme est particulièrement axé sur les zones oasiennes, où les ressources en eau sont de plus en plus rares, et vise à protéger les oasis du Royaume, qui sont essentielles tant sur le plan écologique qu’économique.

Impact des récentes pluies et mesures de soutien aux oasis
Le ministre a également souligné que les précipitations des mois de septembre et d’octobre 2024 avaient eu un impact positif sur le niveau des nappes phréatiques et sur certaines oasis du pays. Bien que la situation demeure préoccupante, ces pluies bénéfiques ont permis d’apporter un répit temporaire à plusieurs zones souffrant de la pénurie d’eau.
Le gouvernement accorde une attention particulière à la préservation de ces oasis, notamment à travers des mesures d’urgence mises en place dans les zones menacées par la pénurie d’eau d’irrigation. En effet, le ministère a autorisé des ajustements dans les procédures de forage d’exploration en permettant aux détenteurs de permis de forages d’approfondir leurs puits, dans le but de sauver les oasis et les arbres fruitiers. Cette initiative vise à fournir une solution temporaire pour maintenir l’accès à l’eau dans ces zones sensibles, en attendant que des solutions à plus long terme puissent être mises en œuvre.

La mise à jour de la stratégie hydrique : un plan d’urgence national
En parallèle, le ministère a présenté un état actualisé des ressources en eau du pays, dans lequel il détaille les mesures prises dans le cadre du plan d’urgence pour l’eau. Ce plan repose sur deux axes majeurs : le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, ainsi que la stratégie proactive déployée pour faire face aux effets du stress hydrique et garantir l’approvisionnement en eau potable sur l’ensemble du territoire.
Le programme 2020-2027 est un projet ambitieux visant à renforcer et moderniser les infrastructures hydrauliques, en mettant l’accent sur la gestion durable de l’eau, le recyclage des eaux usées et la mise en place de solutions non conventionnelles pour répondre aux besoins croissants en eau. Le gouvernement mise également sur la protection des ressources naturelles et sur la préservation des écosystèmes fragiles, tels que les oasis, qui sont non seulement des réservoirs d’eau, mais aussi des sites touristiques et culturels d’importance nationale.

Les mesures d’urgence pour les systèmes hydrauliques du Royaume
Le ministère a détaillé les mesures urgentes déployées pour protéger et maintenir les systèmes hydrauliques du pays en bon état de fonctionnement. Parmi ces mesures, l’accent a été mis sur :
– L’entretien des infrastructures existantes, afin d’assurer leur efficacité dans le transport et la gestion de l’eau.
– Les projets structurants, qui visent à renforcer les capacités de stockage d’eau dans les barrages et à améliorer la distribution de l’eau pour l’irrigation et la consommation humaine.
– Les mesures d’urgence dans chaque bassin hydrographique, qui incluent des interventions immédiates pour résoudre les problèmes d’approvisionnement local et régional.
– Les projets de développement des ressources en eau, qu’elles soient conventionnelles (comme les barrages et les forages) ou non-conventionnelles (comme le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées).

Les efforts des autorités locales et régionales : mise en œuvre des directives d’urgence
Les autorités régionales et provinciales sont actuellement engagées dans une véritable course contre la montre pour mettre en œuvre les directives des walis et gouverneurs concernant les mesures d’urgence face à la pénurie d’eau. Cela inclut l’activation des brigades de l’eau, qui sont responsables de la gestion de l’approvisionnement en eau au niveau local, et la sensibilisation des citoyens à la nécessité de rationner leur consommation d’eau.
Les services locaux sont également chargés de surveiller de près l’état des nappes phréatiques et d’intervenir de manière ciblée pour éviter que la situation ne se détériore davantage. La sensibilisation à une gestion plus responsable de l’eau est devenue une priorité dans la lutte contre la sécheresse.

L’héritage des anciens gouvernements : un retard à combler
Le ministère de l’Équipement et de l’Eau reconnaît cependant qu’il doit faire face à un retard accumulé dans la mise en œuvre de certains projets d’infrastructures hydrauliques. Ce retard, selon certains observateurs, serait lié à la gestion des anciens gouvernements, qui sont accusés d’avoir manqué de réactivité dans la réalisation des projets nécessaires pour anticiper la crise de l’eau. Le ministère s’engage donc à combler ce retard en accélérant la mise en œuvre des projets en cours et en renforçant les investissements dans les infrastructures hydrauliques pour garantir un approvisionnement en eau durable à long terme.

Une réponse globale face à la crise de l’eau
Face à la crise hydrique qui touche de nombreuses régions du Maroc, le ministère chargé de l’Eau met en place une réponse globale, combinant solutions à court terme et stratégies à long terme pour répondre aux défis posés par le changement climatique. Grâce à des mesures d’urgence, des projets d’infrastructures ambitieux et une gestion proactive des ressources en eau, le gouvernement espère atténuer les effets de la pénurie d’eau et garantir la durabilité des ressources pour les générations futures.