jeudi, décembre 26, 2024
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Le Maroc intéressé par une adhésion aux BRICS+ ?

Le Maroc intéressé par une adhésion aux BRICS+ ?

Le Maroc aurait manifesté un intérêt pour rejoindre le groupe des BRICS+ (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie), selon les déclarations faites par Yuri Oushakov, conseiller du président russe pour les affaires internationales, le lundi 23 décembre 2024. Lors de ses échanges avec la presse, Yuri Oushakov a révélé que le Maroc figurait sur une liste de 20 pays originaires d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, qui nourrissent des ambitions similaires de rejoindre ce groupe. Cette annonce fait suite à l’adhésion de l’Arabie Saoudite au bloc des BRICS, effective depuis le 1er janvier 2024, mais intervient aussi dans un contexte où l’Arabie saoudite aurait suspendu son processus d’adhésion, laissant planer un certain flou sur les intentions de l’Arabie dans ce cadre.

Pour l’instant, le Maroc n’a pas encore soumis de demande officielle d’adhésion aux BRICS+, mais son intérêt est évident. Lors du dernier sommet des BRICS+, qui s’est tenu en octobre 2024 à Kazan, en Russie, le Maroc n’était pas présent parmi les 13 pays ayant obtenu le statut de membre observateur du groupe. Ce statut de membre observateur permet aux pays concernés de participer aux travaux du groupe sans être officiellement membres. Toutefois, cette absence sur la liste des observateurs ne signifie pas que le Maroc reste en retrait. Au contraire, le royaume a fait savoir son intention de renforcer sa coopération avec ce groupe de pays émergents, notamment à travers sa participation à des réunions ministérielles et économiques organisées par les BRICS.

Le Maroc s’est également impliqué de manière plus active dans l’agenda du groupe en étant invité à participer au Forum 2024 des BRICS, qui a eu lieu en septembre 2024 à Xiamen, en Chine, sur le thème du partenariat pour la nouvelle révolution industrielle. Lors de cet événement, le Maroc était représenté par Ryad Mezzour, le ministre de l’Industrie et du Commerce, illustrant ainsi son désir de renforcer les liens économiques avec les membres des BRICS et de se positionner comme un acteur clé dans l’émergence de nouvelles opportunités industrielles. La Chine avait en effet invité le Maroc à participer au Forum 2024 des BRICS sur le partenariat pour la nouvelle révolution industrielle.

Le Maroc bénéficie également de relations stratégiques de longue date avec plusieurs des membres fondateurs des BRICS, notamment la Russie, la Chine et l’Inde. Ces pays sont d’importants partenaires économiques et diplomatiques pour le royaume, en particulier la Chine, avec laquelle le Maroc a développé des liens solides dans les domaines du commerce, des infrastructures et de la technologie. De même, les relations avec la Russie et l’Inde sont marquées par des échanges dans les secteurs de l’énergie, de la défense et des technologies.

Les Émirats arabes unis (EAU), qui ont récemment rejoint les BRICS en janvier 2024, sont également des partenaires stratégiques pour le Maroc. Les deux pays collaborent sur des projets d’infrastructures et dans le secteur financier, et partagent une vision commune sur plusieurs dossiers régionaux et internationaux.

Cependant, les relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud sont moins harmonieuses. L’Afrique du Sud entretient des liens étroits avec le régime algérien et ces relations ont souvent été marquées par des divergences sur la question du Sahara Marocain, obsession du régime algérien qui fait tout pour entretenir ce conflit artificiel. Le gouvernement de Cyril Ramaphosa, un allié clé du régime algérien, a publiquement exprimé son opposition à l’adhésion du Maroc aux BRICS. Cette position reflète la solidarité de l’Afrique du Sud avec l’Algérie sur ce dossier, l’Algérie étant un fervent et inconditionnel soutien du polisario, avec la chimère de se servir du groupe séparatiste comme proxy pour avoir un accès à l’océan Atlantique.

L’opposition de l’Afrique du Sud à l’intégration du Maroc dans les BRICS pourrait compliquer l’adhésion du royaume à ce groupe, bien que les dynamiques internes des BRICS, caractérisées par une certaine flexibilité et des intérêts diversifiés, permettent à chaque membre de faire valoir ses propres priorités.

En bref, bien que le Maroc n’ait pas officiellement demandé à intégrer le groupe des BRICS, sa participation active aux événements du bloc et ses relations stratégiques avec plusieurs membres clés laissent supposer que le royaume nourrit des ambitions d’approfondir ses liens avec ce groupe. L’adhésion aux BRICS+ pourrait offrir au Maroc de nouvelles opportunités économiques et diplomatiques, mais des obstacles subsistent, notamment en raison des tensions avec l’Afrique du Sud et des divergences entretenues par l’Algérie liées à la question du Sahara Marocain.