jeudi, décembre 12, 2024
International

Le régime algérien a perdu son dernier allié arabe du Moyen-Orient

Syrie : l’Algérie a perdu son dernier allié arabe du Moyen-Orient

La chute du régime de Bachar al-Assad, marquée par la prise de Damas par la rébellion armée sans opposition, a non seulement scellé la fin d’une ère en Syrie, mais aussi bouleversé les équilibres diplomatiques régionaux. L’Algérie, qui figurait parmi les rares soutiens inconditionnels de ce régime, se retrouve aujourd’hui plus isolée que jamais sur la scène régionale et internationale. Ce soutien, qualifié d’«absolu» par Alger, traduisait la crainte d’une contagion des soulèvements populaires du «Printemps arabe» à son propre territoire, dans un contexte où des parallèles entre les régimes syrien et algérien étaient souvent évoqués.

Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, déclenchée par un soulèvement populaire dans la continuité des révoltes arabes, le régime de Bachar al-Assad semblait voué à une fin inéluctable. Pourtant, l’Algérie a maintenu une ligne politique à contre-courant, en défendant la souveraineté du régime syrien face à ce qu’elle qualifiait d’«agression terroriste». Cette position se démarquait d’une majorité des pays arabes, notamment au sein de la Ligue arabe, qui avaient suspendu la Syrie en 2011 et exprimé leur soutien aux aspirations démocratiques des opposants au régime Syrien (qui se ressemble s’assemble).

Malgré les soutiens ponctuels de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, qui ont permis à Bachar al-Assad de conserver une certaine emprise territoriale, le régime syrien a fini par céder face à l’avancée rapide des forces rebelles. En moins de deux semaines, ces dernières ont pris le contrôle de Damas, marquant la fin d’un demi-siècle de pouvoir exercé par la famille Assad. Le soutien algérien, loin d’influencer le cours des événements, a été perçu comme un geste désespéré et mal calculé, en particulier lorsque le ministère algérien des Affaires étrangères publiait encore un communiqué de solidarité quelques jours avant la chute de la capitale syrienne, démontrant une incapacité à faire une analyse géopolitique juste de ce qui se passe dans le monde (voire une diplomatie d’amateurs).

Ce communiqué, daté du 3 décembre, soulignait le soutien «constant» de l’Algérie au régime syrien, exprimé lors d’un échange entre les chefs de la diplomatie des deux pays. Alger appelait également à des réunions d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU et au sein de la Ligue arabe pour condamner ce qu’elle qualifiait d’«agression terroriste». Cependant, ces démarches sont apparues décalées par rapport à la réalité sur le terrain, où les forces rebelles achevaient de consolider leur victoire.

L’attitude d’Alger illustre une vision géopolitique perçue comme dépassée, enracinée dans des principes idéologiques d’un autre âge (voire d’un autre monde). Alors que la plupart des acteurs régionaux s’adaptaient aux nouvelles dynamiques issues des soulèvements populaires, l’Algérie persistait à défendre un allié en déroute. Ce choix stratégique s’est avéré doublement coûteux : non seulement il a accentué l’isolement de l’Algérie sur la scène internationale, mais il a également mis en lumière des similitudes inquiétantes entre les régimes algérien et syrien, notamment en matière de gestion autoritaire et de répression des dissidences.

La chute de Bachar al-Assad a également des répercussions symboliques pour le régime algérien. Les parallèles entre les deux régimes, souvent établis par des analystes, reposent sur leur attachement à des structures politiques vieillissantes et sur leur méfiance envers les mouvements populaires. Ces points communs alimentent les spéculations sur un éventuel destin similaire pour Alger, d’autant plus que la région reste marquée par une instabilité persistante et des aspirations démocratiques non satisfaites.

En définitive, la chute du régime syrien ne se limite pas à un bouleversement local. Elle redessine les rapports de force au Moyen-Orient et illustre la difficulté (voire l’incapacité) pour certains États, comme l’Algérie, de s’adapter à un ordre régional en mutation. Tandis que la Syrie entame une période d’incertitudes, le régime algérien est confronté à des questions similaires sur sa résilience et sa capacité à évoluer face aux défis politiques, économiques et sociaux qui se profilent. Le régime algérien est sur la sellette…