Vladimir Poutine n’exclut pas de frapper les pays occidentaux
Vladimir Poutine n’exclut pas de frapper les pays occidentaux
Le président russe Vladimir Poutine a estimé jeudi que le conflit en Ukraine avait désormais tout d’une guerre «mondiale» et prévenu qu’il n’excluait pas de frapper les pays occidentaux.
Dans une adresse à la nation dans la soirée du jeudi 21 novembre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la guerre en Ukraine avait désormais tout d’une guerre «mondiale» et prévenu qu’il n’excluait pas de frapper les pays occidentaux.
Dans ce bref discours diffusé à la télévision, il a dénoncé les deux frappes effectuées ces deniers jours par l’Ukraine en territoire russe à l’aide de missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, des armes d’une portée de 300 km environ.
Le président américain Joe Biden, qui s’y était longtemps refusé, avait autorisé dimanche ces frappes en territoire russe avec des armes américaines, malgré les mises en garde de la Russie qui avait brandi la menace nucléaire.
Avec l’autorisation de ces frappes par Washington, «le conflit provoqué par l’Occident en Ukraine a pris les éléments d’un (conflit) à caractère mondial», a dit le président russe. «Nous considérons être dans notre droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations».
Les déclarations de Vladimir Poutine interviennent au terme d’une journée de tensions extrêmes où la Russie a fait usage sur le territoire ukrainien d’un missile balistique de portée intermédiaire (soit jusqu’à 5.500 km). Le chef du Kremlin a confirmé qu’en réponse aux frappes de missiles occidentaux sur son territoire, la Russie avait lancé vers l’Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique baptisé «Orechnik», qui était dans sa «configuration dénucléarisée». Ce tir a visé «un site du complexe militaro-industriel ukrainien», a-t-il affirmé, en allusion au site du groupe Pivdenmach dans la ville de Dnipro.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé le monde à «réagir», voyant dans ce tir la «preuve que la Russie ne veut absolument pas la paix». Les États-Unis ont renvoyé le président russe à ses propres accusations: «C’est la Russie qui provoque l’escalade» en Ukraine, a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche. Washington a également déclaré n’avoir «pas de raison» de modifier sa doctrine nucléaire au gré du «discours irresponsable» de Moscou. Le Pentagone a de son côté confirmé avoir été informé par Moscou peu avant le lancement du missile via «les canaux de réduction du risque nucléaire».
L’utilisation par la Russie de ce nouveau missile «ne changera ni le cours du conflit ni la détermination des alliés de l’Otan à soutenir l’Ukraine», a affirmé jeudi soir une porte-parole de l’Otan, Farah Dakhlallah. L’usage d’une telle arme pour frapper l’Ukraine est un «nouveau développement inquiétant», a commenté pour sa part le porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
C’est le déploiement de milliers de soldats nord-coréens dans la région frontalière russe de Koursk qui avait été mis en avant par les tats-Unis pour changer de pied sur la question des frappes avec des missiles occidentaux en territoire russe. Outre les missiles américain ATACMS, les Ukrainiens disposent de missiles de croisière franco-britanniques Storm Shadow/Scalp fournis par ces deux pays. L’Allemagne, longuement sollicitée pour fournir ses propres missiles de croisière Taurus, s’y est catégoriquement refusée.
L’étendue des dégâts après le tir du missile balistique russe à Dnipro n’était pas claire dans l’immédiat. L’attaque a eu lieu au moment où les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux, à l’approche du retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, anticipé comme un tournant.
La Russie a multiplié ces derniers jours les frappes d’ampleur en Ukraine, ainsi que les avertissements à l’encontre des alliés de Kiev, et a en particulier renforcé ses mises en garde nucléaires. Selon sa nouvelle doctrine sur l’emploi de l’arme nucléaire, officialisée mardi, Moscou peut désormais y recourir en cas d’attaque « massive» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, référence claire à l’Ukraine et aux Etats-Unis.