mardi, décembre 3, 2024
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Forum Russie-Afrique : un faux communiqué du polisario

Forum Russie-Afrique : un faux communiqué du polisario

Bien que le groupe séparatiste armé qui se fait appeler « polisario » n’ait pas été convié au Forum de partenariat Russie-Afrique à Sotchi les 9 et 10 novembre, il a néanmoins exprimé son approbation pour les conclusions de cette rencontre, en interprétant fallacieusement la position afro-russe comme un soutien à la « cause sahraouie ». Dans un communiqué, le « polisario » a affirmé que les conclusions du forum réitéraient le «droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination». Cependant, une analyse minutieuse de la Déclaration finale du Forum contredit cette interprétation.

Analyse de la déclaration finale : références à la souveraineté et à la non-ingérence
La Déclaration finale met l’accent sur le respect des relations historiques entre la Russie et les nations africaines, se référant principalement aux concepts de souveraineté, d’intégrité territoriale, et de non-ingérence dans les affaires internes des États. Elle souligne «la responsabilité commune de la Russie et des pays africains dans la construction d’un ordre mondial juste», basé sur des principes de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, sans mentionner ni soutenir spécifiquement les aspirations du « polisario » ou de la pseudo et fantomatique « République arabe sahraouie démocratique » (RASD), un groupe autoproclamé qui n’est pas reconnu en tant qu’État par la Russie.

Absence du « polisario » et des allusions directes au Sahara
Non seulement le « polisario » n’a pas été invité au Forum Russie-Afrique, mais la Déclaration finale évite toute mention de revendications ou de conflits relatifs au Sahara occidental marocain. Les termes employés dans le communiqué valorisent avant tout la «souveraineté des États», en insistant sur l’égalité et la préservation de l’identité nationale. Le forum s’est concentré sur la lutte contre le néocolonialisme et le droit des nations africaines à l’autodétermination dans un cadre d’intégrité territoriale, excluant toute forme de soutien explicite au « polisario ».

Résonances avec la question de l’autodétermination en Kabylie
En revanche, les principes de la Déclaration finale pourraient bien s’appliquer à des régions comme la Kabylie, où des mouvements de revendication pour l’autonomie se renforcent face à la répression politique algérienne. Le texte insiste sur «le droit des peuples à la préservation de leur identité et à l’autodétermination», une déclaration qui semble davantage en phase avec la situation en Kabylie qu’avec celle du Sahara occidental marocain, en raison de la répression documentée des revendications identitaires kabyles en Algérie.

Position constante de la Russie et le rôle de l’Algérie
Le silence du Forum Russie-Afrique concernant le « polisario » n’est pas un cas isolé. La Russie a également ignoré le groupe séparatiste lors du sommet des BRICS en octobre à Kazan, en dépit de l’appui diplomatique, financier et militaire (entres autres) qu’il reçoit de l’Algérie. Les récentes absences du « polisario » des grands forums internationaux soutenus par Moscou illustrent une certaine constance dans la politique étrangère russe, qui privilégie les relations avec les États souverains officiellement reconnus, comme l’Algérie, sans soutenir ouvertement les revendications du « polisario ».

En bref…
Bien que le « polisario » tente de s’approprier les principes de la Déclaration finale, celle-ci est axée sur le respect des États souverains et sur une opposition au néocolonialisme, sans allusion au Sahara ni à la « RASD ». Le forum Russie-Afrique de Sotchi a finalement renforcé la position de la Russie en faveur de la stabilité régionale, en favorisant des relations bilatérales avec des États reconnus, tout en se gardant d’intervenir dans un conflit artificiel non résolu entretenu par l’Algérie qui veut se servir du groupe séparatiste comme proxy pour avoir un accès à l’Atlantique. Sans cela, le Sahara oriental historiquement marocain, annexé par la France et offerte à l’Algérie française qui ne l’a pas rendu au Maroc après son indépendance, ne sert quasiment à rien. Il y a certes un peu de fer, certes, mais beaucoup, beaucoup et surtout… du sable.