Maroc : un homme risque la torture en cas d’expulsion
Maroc : un homme risque la torture en cas d’expulsion
Le docteur égyptien Abdelbasset Imam, âgé de 62 ans et détenteur de la nationalité turque, a été arrêté à l’aéroport de Casablanca alors qu’il se rendait au Maroc pour un séjour touristique.
Les autorités marocaines l’ont retenu suite à un mandat d’arrêt international émis par l’Égypte, qui réclame son extradition pour des motifs qualifiés de « politiques ». Ce mandat repose sur une condamnation par contumace à la prison à perpétuité prononcée contre lui par les autorités égyptiennes, en raison de ses supposées affiliations politiques et de ses liens avec des groupes d’opposition. la justice égyptienne reproche au ressortissant «son opposition politique au régime en place»
L’Instance marocaine de soutien aux prisonniers politiques a appelé les autorités marocaines à libérer le citoyen égypto-turc et à annuler son extradition vers l’Égypte. L’Instance marocaine de soutien aux prisonniers politiques estime que «ce contexte fait de l’extradition vers l’Egypte une mesure qui représente un risque sérieux pour sa sécurité» du concerné, en contradiction avec «les obligations juridiques et humanitaires du Maroc». Ce cas «devrait être réexaminé par la Cour de cassation, pour évaluer la demande d’extradition.»
À noter que le fils du Dr Abdelbasset Imam a été « l’une des victimes du massacre de Rabaa au Caire», qui a été mené contre les soutiens des Frères musulmans durant l’été 2013.
La Fondation égyptienne Adalah pour les droits humains et l’organisation AFD International ont publié une déclaration commune, demandant la libération du ressortissant égypto-turc, qui est entré au Maroc avec un passeport turc.
Ancien professeur de médecine à l’Université Al-Azhar, le Dr Abdelbasset Imam est décrit par ses proches comme un opposant politique pacifique. Sa famille, qui vit sous la menace de persécutions en Égypte, craint pour sa vie et sa santé, affirmant qu’en cas d’extradition, il risque de subir la torture et d’autres traitements inhumains. En effet, le Dr Imam souffre d’hypertension artérielle, ce qui augmente sa vulnérabilité dans un contexte carcéral où les traitements médicaux sont souvent insuffisants. Un membre de sa famille a témoigné de sa grande inquiétude, soulignant que sa santé est fragile et qu’il « risque de subir le pire » s’il est renvoyé en Égypte.
Ce cas soulève des questions cruciales quant aux obligations internationales du Maroc en matière de droits de l’homme. Le Royaume est signataire de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée par les Nations Unies en 1984. Selon l’article 3 de cette convention, aucun État partie ne peut expulser ou renvoyer une personne vers un pays où elle risque la torture. Cet engagement impose au Maroc de prendre en compte la situation sécuritaire et les risques encourus par le Dr Imam avant toute décision d’extradition.
Cette affaire intervient dans un contexte de tensions internationales autour des droits humains en Égypte, où les autorités ont été maintes fois critiquées par des organisations de défense des droits de l’homme pour leur recours à la torture, à la détention arbitraire, et pour la répression des voix dissidentes.