samedi, octobre 5, 2024
Société

(Vidéo) France : elle doit « changer de prénom »… pour travailler

(Vidéo) France : elle doit « changer de prénom »… pour travailler

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, une Française d’origine maghrébine relate une expérience (choquante pour certains, courante pour d’autres personnes blasées) de discrimination à l’embauche, liée à son prénom et à sa présumée pratique religieuse. Cette affaire a rapidement enflammé la toile, suscitant de nombreuses réactions d’indignation parmi les internautes.

La jeune femme a diffusé un extrait audio de l’entretien téléphonique qu’elle a eu avec une employeuse, où cette dernière justifie le rejet de sa candidature en raison de son prénom d’origine arabe. Au cours de la conversation, l’employeuse explique clairement que « certaines clientèles ne se mélangent pas à tout », expliquant que le prénom de la candidate pourrait poser problème pour certains clients. Elle va même jusqu’à suggérer à la jeune femme de changer son prénom « gênant » pour un prénom plus « adéquat » afin de maximiser ses chances d’obtenir le poste et d’avoir une « possibilité », car c’est un « obstacle » déclare-t-elle sans ambages.

L’entretien ne s’arrête pas là : l’employeuse pousse son interrogation plus loin en demandant à la candidate si elle porte un signe religieux visible (elle évoque clairement le voile) , insistant encore sur la nécessité de se conformer à une identité plus « française » et « patriotique » pour intégrer l’entreprise.

Elle évoque aussi un problème de « congé maternité abusif » : « On veut quelqu’un qui veut vivre de ses propres ressources et non quelqu’un qui cherche à vivre aux crochets de la société quoi», ajoute-t-elle. Bizarre. Elle postule pour un emploi, elle ne cherche pas à avoir des prestations sociales. 

Pour dénoncer cette discrimination flagrante, la jeune femme a mené une expérience. Elle a soumis deux candidatures strictement identiques, avec exactement les mêmes qualifications et expériences, mais sous deux prénoms différents : l’un avec son véritable prénom à consonance maghrébine, et l’autre sous le nom typiquement français de « Camille Dupont ». Le résultat est édifiant et hélas prévisible : la candidature sous le nom de « Camille Dupont » a été retenue pour la suite du processus de recrutement, tandis que celle portant son vrai prénom a été purement et simplement rejetée.

Ce témoignage illustre de manière concrète l’existence persistante de la discrimination à l’embauche en France, particulièrement celle fondée sur l’origine ethnique et la religion. Il met en lumière l’islamophobie ambiante dans certains secteurs de la société, où des pratiques discriminatoires sont encore monnaie courante, malgré les lois en vigueur.

L’affaire a relancé le débat sur les difficultés d’accès à l’emploi rencontrées par les personnes issues de l’immigration, en particulier celles identifiées comme musulmanes (à cause de leur prénom, de leur « visage d’arabe »), et sur la manière dont les préjugés raciaux et religieux continuent d’influencer les décisions d’embauche dans l’Hexagone, où règne une islamophobie décomplexée.