Gouvernement Barnier : un immigré franco-marocain anti-migration

Le Franco-Marocain Othman Nasrou a fait une entrée remarquée au sein du gouvernement Barnier, en prenant le poste de secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la lutte contre les discriminations. Ce qui a attiré l’attention, c’est que Nasrou, bien qu’ayant lui-même immigré en France pour ses études, a tenu des propos fermement opposés à l’immigration dans des interventions publiques antérieures. Né à Casablanca, Nasrou a suivi sa scolarité au prestigieux lycée Lyautey dans la métropole marocaine, avant de rejoindre la France pour poursuivre ses études au lycée Sainte-Geneviève à Versailles. Après des études commerciales brillantes, il est diplômé de HEC Paris en 2012, année où il obtient également la nationalité française.

Sa nomination au poste de secrétaire d’État a rapidement suscité des réactions critiques, notamment sur les réseaux sociaux, où des internautes ont ressorti d’anciennes interviews dans lesquelles Nasrou exprimait des opinions très critiques à l’égard de l’immigration. Ces interventions radiophoniques montrent qu’il utilisait des termes fréquemment associés aux courants de l’extrême droite, qualifiant l’arrivée des migrants en France de « submersion migratoire » et parlant d’« immigration de masse ». Il s’est même permis d’exagérer les chiffres des flux migratoires, les estimant à « près de 500 000 » par an, alors que les statistiques officielles de 2022 révèlent que 320 330 premiers titres de séjour ont été délivrés, principalement à des étudiants étrangers.

Le paradoxe est frappant, car Othman Nasrou est lui-même arrivé en France comme des milliers d’étudiants marocains le font chaque année – ils sont environ 40 000 à choisir la France pour leurs études supérieures. Pourtant, malgré son propre parcours d’immigré étudiant, il a défendu avec ferveur un discours axé sur la réduction de l’immigration et la lutte contre l’insécurité, des thèmes dominants dans son approche politique.

Avant de rejoindre le gouvernement de Michel Barnier, officialisé le samedi 21 septembre, Nasrou avait déjà occupé des postes importants au sein du paysage politique français. Il était notamment vice-président du conseil régional de l’Île-de-France et avait été choisi par Valérie Pécresse, ancienne candidate à la présidence pour le parti Les Républicains, comme porte-parole de sa campagne en 2022. Pécresse voyait en lui un représentant d’une « nouvelle génération de responsables politiques », fermement attachés aux valeurs républicaines et déterminés à défendre ces idéaux.

Le nouveau gouvernement français formé après les élections anticipées de l’été dernier compte 34 ministres et 5 secrétaires d’État. Parmi eux, on note la présence de deux personnalités binationaux d’origine marocaine. Outre Othman Nasrou, qui fait son entrée au gouvernement, Rachida Dati conserve son portefeuille au ministère de la Culture, soulignant ainsi la diversité et l’influence croissante des personnalités d’origine maghrébine au sein de la classe politique française.

L’arrivée de Nasrou dans ce gouvernement attire particulièrement l’attention en raison de ses positions controversées sur l’immigration, un sujet brûlant en France. Sa nomination à un poste aussi sensible, celui de la Citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, semble refléter une volonté du nouvel exécutif de marier des perspectives différentes sur des questions sociales cruciales, bien que cela ait provoqué une série de débats et d’interrogations sur la cohérence de ses positions.

« Submersion migratoire et immigration de masse »

Je vous présente Othman Nasrou, futur ministre de la laïcité islamophobe. pic.twitter.com/Nbf3w3XQdY

— Maud Destangal (@destangal) September 20, 2024