lundi, novembre 25, 2024
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Maroc : vers une réduction des chiens et chats errants

Maroc : vers une réduction des chiens et chats errants

Vers une réduction durable du phénomène des chiens et chats errants au Maroc

Conscient de l’ampleur et de la complexité du problème des chiens et chats errants, le Maroc a entrepris des actions majeures pour faire face à cette problématique, qui constitue un véritable enjeu de santé publique et de salubrité. Dans le cadre des efforts visant à améliorer les services publics dans ces domaines, le ministère de l’Intérieur, par l’intermédiaire de la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), a considérablement renforcé son appui aux collectivités locales, en leur apportant un soutien juridique, financier et technique significatif.

Mohammed Roudani, Chef de la division de l’Hygiène et des Espaces verts au sein de la direction des Services publics locaux du ministère de l’Intérieur, a expliqué que pour soutenir les efforts locaux, le ministère alloue chaque année des ressources financières substantielles aux collectivités. Ces fonds permettent l’acquisition de véhicules spécialisés, équipés de cages et de matériel de capture des animaux errants. Le budget consacré à cette initiative a atteint près de 70 millions de dirhams (MDH) au cours des cinq dernières années, témoignant de l’importance accordée à cette question.

En 2019, une convention de partenariat a été signée entre la DGCT, le ministère de la Santé et de la Protection sociale, l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) et l’Ordre national des vétérinaires. Cette convention a marqué un tournant dans la gestion des chiens errants au Maroc. Désormais, ces animaux sont capturés, puis conduits dans des dispensaires spécialisés où ils sont stérilisés afin de limiter leur reproduction, vaccinés contre la rage, traités contre les parasites, et identifiés avant d’être relâchés dans leur milieu naturel. Tout cela se fait en respectant strictement le bien-être animal, conformément aux normes internationales.

Un exemple concret de cette démarche est le dispensaire animalier de la région Rabat-Salé-Kénitra, situé dans la préfecture de Salé. Établi sur une superficie d’un hectare, ce dispensaire respecte les standards internationaux de protection animale définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Youssef Lhor, président de l’Association marocaine de protection des animaux et de la nature (AMPANA), qui est responsable de la gestion du dispensaire, a indiqué que cet établissement sert les communes de Rabat, Salé et Témara en utilisant la méthode « TNR » (Trap-Neuter-Release). Cette technique consiste à capturer les chiens errants, à les stériliser et les vacciner, puis à les relâcher dans leur environnement d’origine. Un système informatique sophistiqué est utilisé pour assurer un suivi rigoureux de chaque animal tout au long de ce processus.

Afin d’étendre cette approche à l’ensemble du territoire national, le ministère de l’Intérieur a alloué, jusqu’à fin juillet 2024, environ 80 millions de dirhams pour financer la construction et l’équipement de nouveaux dispensaires animaliers. Ces fonds sont mis à disposition des collectivités dans le cadre de partenariats visant à respecter les critères les plus stricts dans le domaine de la protection animale. Des dispensaires sont ainsi prévus dans plusieurs villes, notamment Oujda, Tanger, Ifrane, Sidi Slimane, Kénitra, Khémisset, Salé, Rabat, Témara, Béni Mellal, Agadir, Marrakech, et Casablanca. D’autres projets similaires sont également à l’étude, démontrant l’engagement continu des autorités dans ce domaine.

En parallèle, le ministère de l’Intérieur œuvre également à la mise en place d’un vaste programme de création de 130 Bureaux communaux d’hygiène (BCH) dans le cadre des groupements de collectivités territoriales. Ce projet, doté d’un budget global d’un milliard et 40 millions de dirhams, vise à améliorer la couverture nationale des services d’hygiène, qui devrait passer de 18 % en 2018 à près de 100 % d’ici 2025. La gestion des animaux errants, ainsi que la lutte contre la rage, sont des composantes essentielles de ce programme. Chaque BCH sera équipé d’une équipe multidisciplinaire comprenant deux médecins, deux infirmiers, deux techniciens de santé, et un vétérinaire chargé de la gestion des dispensaires animaliers et de la supervision des opérations de stérilisation.

Face à l’absence de données précises sur la population des chiens errants au Maroc, une convention de partenariat a été récemment conclue avec l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II. Ce partenariat a pour objectif de réaliser un recensement exhaustif de la population canine errante, en plus de la mise à disposition de vaccins administrés par voie orale. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de collecte de données précises pour orienter les actions futures.

Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur, dans le cadre d’une convention signée en 2018 avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale, consacre chaque année 40 millions de dirhams pour l’achat de vaccins et de sérums antirabiques auprès de l’Institut Pasteur. Ces produits sont distribués aux 556 centres de santé gérés par le ministère de la Santé. Ce montant est complété par les 40 millions de dirhams que les communes allouent annuellement pour l’acquisition de ces produits, qui sont ensuite mis à disposition des centres antirabiques locaux.

En outre, dans un effort pour améliorer les conditions d’hygiène et de propreté, le ministère soutient les collectivités dans la création, l’équipement et la modernisation des abattoirs de viandes rouges, des souks hebdomadaires et des décharges. Ces lieux sont souvent des sources de nourriture pour les animaux errants et contribuent à leur prolifération. La modernisation de ces infrastructures est donc cruciale pour contrôler la population animale errante.

Sur le plan législatif, un projet de décret a été élaboré en application de la loi n° 56.12 relative à la prévention et à la protection des personnes contre les dangers des chiens. Ce projet de décret intègre plusieurs mesures destinées à améliorer la gestion des chiens errants, tout en respectant le principe du bien-être animal. Ce cadre législatif renforcé vise à harmoniser les efforts déployés à travers le pays pour mieux contrôler ce phénomène complexe et protéger la population tout en respectant les animaux.