vendredi, novembre 22, 2024
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Maroc : stratégies et défis face à la crise du stress hydrique

MAROC : STRATÉGIES ET DÉFIS FACE À LA CRISE DU STRESS HYDRIQUE

Stress hydrique au Maroc: stratégies et défis face à la crise qui entraîne une diminution alarmante des ressources en eau

Le Maroc est actuellement confronté à une crise hydrique d’une gravité critique. Cette situation découle d’une conjonction de facteurs à la fois naturels et anthropiques, ayant entraîné une diminution alarmante des ressources en eau disponibles par habitant. En effet, ces ressources sont passées de 2560 mètres cubes par habitant en 1960 à seulement 606 mètres cubes au début de l’année 2024. Cette diminution est particulièrement inquiétante compte tenu de la baisse significative des apports en eau aux réservoirs, atteignant leur niveau le plus bas depuis 1945, avec une moyenne de 3,6 milliards de mètres cubes.

Face à cette situation sans précédent, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a présenté un plan d’action complet devant la chambre des représentants pour faire face aux défis posés par la diminution des ressources hydriques. Ce plan vise à garantir que la pénurie d’eau n’entrave pas le développement économique et social du Maroc. Il repose sur plusieurs axes stratégiques, notamment l’augmentation de la capacité de production d’eau dessalée à plus d’un milliard de mètres cubes par an, destinée à divers usages tels que l’eau potable, l’industrie, le tourisme et l’irrigation. D’autres mesures comprennent la redistribution d’eau entre les bassins hydriques, la préservation des nappes phréatiques critiques et l’amélioration de l’efficacité des réseaux de distribution d’eau potable, avec pour objectif d’atteindre un taux d’efficacité de 80% d’ici 2030.

Le Conseil économique, social et environnemental a également souligné l’urgence de la situation en publiant un rapport évaluant le potentiel du Maroc en ressources hydriques renouvelables à 22 milliards de mètres cubes par an, soit 606 mètres cubes par habitant. Ce rapport met en lumière la tendance à la baisse des ressources disponibles depuis 1945, la raréfaction et la répartition inégale des ressources en eau de surface, ainsi que le recul alarmant des niveaux des eaux souterraines. Le Conseil recommande donc le développement d’un plan national de sécheresse, la mise en place d’un système d’alerte précoce et la généralisation de l’assurance agricole pour atténuer les effets de la sécheresse.

Par ailleurs, le président du Conseil économique, social et environnemental, Ahmed Réda Chami, a mis en lumière l’entrée du Maroc dans une période de stress hydrique structurel, exacerbée par une tendance à la sécheresse prolongée et une diminution attendue des précipitations. Il a souligné l’importance d’une prise de conscience nationale sur la rareté croissante de l’eau et la nécessité de modifier les habitudes de consommation de cette ressource essentielle. Ahmed Réda Chami a également évoqué les efforts continus du Maroc en matière de politique des barrages, initiée par feu Sa Majesté le Roi Hassan II, et d’autres stratégies telles que le dessalement de l’eau de mer pour atténuer cette crise.

En réponse à ces défis, le Maroc s’est engagé dans la réalisation de projets ambitieux, notamment l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et le développement de projets de dessalement d’eau de mer. Par exemple, la région de Rabat-Salé-Kénitra a pris l’initiative d’utiliser les eaux usées traitées pour l’irrigation, tandis que des accords ont été signés avec l’Office Chérifien des Phosphates pour augmenter l’approvisionnement en eau dessalée pour certaines régions.

La sécheresse récurrente, exacerbée par cinq années de précipitations faibles, a conduit à une réduction significative de la capacité de remplissage des barrages du pays. Nizar Baraka, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, a qualifié la situation de « très grave » et a souligné la nécessité d’actions immédiates pour la gestion de l’eau. Parmi les mesures proposées, l’amélioration de l’offre en eau par la désalinisation de l’eau de mer et le traitement des eaux usées sont considérées comme prioritaires. La gestion de la demande en eau implique également une réduction de la consommation d’eau pour l’irrigation, l’arrosage et l’usage domestique quotidien, en encourageant des pratiques responsables.

Le gouvernement envisage également une stratégie de solidarité hydrique, comprenant des projets d’autoroutes de l’eau pour interconnecter les bassins et fournir de l’eau potable aux régions non côtières à partir des zones de dessalement. Cette stratégie vise à atteindre 1,4 milliard de mètres cubes d’eau dessalée d’ici 2030, ce qui représenterait 50% de l’eau potable consommée, principalement dans les régions côtières.

En parallèle, plusieurs villes marocaines ont pris des mesures pour faire face à la pénurie d’eau, en rationalisant la consommation d’eau selon les directives du roi Mohammed VI. Ces mesures incluent l’interdiction de laver les rues, des restrictions sur l’utilisation de l’eau potable pour le lavage des véhicules, et des limitations sur les activités des hammams et des stations de lavage. D’autres mesures comprennent l’interdiction de planter du gazon vert, de remplir les piscines plus d’une fois par an sans système de recyclage de l’eau, et l’interdiction d’arroser les espaces verts et les terrains de sport avec de l’eau potable ou de puits.

Le Wali de la région de Casablanca-Settat a également souligné l’importance de lutter contre l’extraction illégale d’eau et a appelé à des campagnes de sensibilisation pour économiser l’eau. Il a insisté sur la nécessité d’accélérer les programmes et investissements pour rénover le réseau d’eau potable et réduire le gaspillage, engageant divers responsables locaux à surveiller la consommation d’eau et à mettre en œuvre des mesures pour en rationaliser l’usage.