Maroc : la problématique de la plantation systématique de palmiers
MAROC : LA PROBLÉMATIQUE DE LA PLANTATION SYSTÉMATIQUE DE PALMIERS
L’identité visuelle et paysagère des villes marocaines menacée par la plantation de palmiers
Un cri d’alarme pour mettre fin aux dégâts
L’identité visuelle et paysagère des villes marocaines est en danger face à la généralisation de la plantation de palmiers au détriment des arbres indigènes. De Tanger à Dakhla, en passant par Oujda, Berkane, Nador, Al Hoceïma, Laâyoune et même Azrou, cette tendance préoccupe l’association « Maroc Environnement 2050 » et sa présidente, Salima Belemkaddem, qui lance un appel d’alarme pour mettre fin à ces dégâts.
Un aménagement paysager urbain préoccupant
La prolifération de palmiers dans les villes marocaines suscite des inquiétudes parmi les écologistes, qui dénoncent une plantation anarchique, excessive et irresponsable. Salima Belemkaddem, présidente de « Maroc Environnement 2050 » et ingénieure paysagiste expérimentée, souligne que cette uniformisation de la plantation de palmiers, en particulier de la variété Washingtonia, est préoccupante pour la biodiversité locale.
Le Maroc est classé numéro 2 en termes de biodiversité dans le bassin méditerranéen. Nous avons sept étages bioclimatiques, et donc sept régions bioclimatiques, chacune avec ses propres arbres et son propre couvert forestier. Comment peut-on venir et planter de manière anarchique, intense et irresponsable un seul végétal, le palmier ? Salima Belemkaddem
Un patrimoine naturel menacé
La richesse bioclimatique du Maroc, avec ses sept étages bioclimatiques, implique des essences et couverts forestiers spécifiques pour chaque région. L’introduction systématique de palmiers étrangers du désert d’Arizona met en péril cet équilibre naturel et menace la diversité végétale des villes marocaines.
Appel à privilégier la plantation d’arbres indigènes
Face à cette situation préoccupante, « Maroc Environnement 2050 » appelle à privilégier la plantation d’arbres indigènes adaptés à chaque région. Salima Belemkaddem souligne les nombreux bienfaits des arbres, qui fournissent de l’ombre, de la fraîcheur, tout en contribuant à fixer les particules fines de la pollution et à lutter contre le changement climatique.
Des arguments pour un choix responsable
Contre les idées reçues, les arbres s’adaptent bien aux climats semi-arides, arides et désertiques, où ils jouent un rôle crucial dans la conservation de l’eau et la prévention des inondations. Ils favorisent également la biodiversité en préservant les habitats naturels des oiseaux et des insectes, éléments essentiels de l’écosystème.
C’est fou ce qu’un arbre peut apporter : ombre, fraîcheur, fixation des poussières, fixation des particules ultrafines dues à la pollution, le tout sans parler de l’apport majeur en termes de création d’oxygène et de séquestration de CO2, ainsi que la stimulation de l’effet de saisonnalité. Salima Belemkaddem
Un lobby pro-palmiers à l’origine de l’invasion ?
Selon la présidente de « Maroc Environnement 2050 », une influence financière motive cette invasion urbaine de palmiers. Les palmiers, en particulier la variété Washingtonia, sont vendus à des prix élevés, alors que les arbres indigènes sont plus avantageux en termes de coûts et d’impact écologique.
Un palmier de type Washingtonia d’un mètre coûte environ 500 dirhams, soit plus que ce que peut coûter un arbre de cinq ans avec tous ses bienfaits. Un palmier de huit mètres se vend 10.000 dirhams, plus cher qu’un arbre de dix ans», nous explique Mme Belemkaddem. Mais pour elle, «le gros du travail doit être fait ailleurs. Se lancer et tenter de faire front face à un lobby ne se fait aucunement, et ce partout dans le monde. C’est plutôt auprès des élus qu’il faut agir. Salima Belemkaddem
Engagement en faveur des arbres et de la biodiversité
Pour faire face à cette situation, « Maroc Environnement 2050 » sensibilise les élus locaux en envoyant des correspondances aux présidents de communes. Cette approche concertée vise à promouvoir un aménagement paysager responsable, respectueux des particularités géographiques et écologiques de chaque ville marocaine.
Plaidoyer pour une intervention du ministère de l’Intérieur
L’association appelle le ministère de l’Intérieur à intervenir en diffusant une circulaire à tous les présidents de communes pour arrêter la plantation anarchique de palmiers et promouvoir un reboisement adapté à chaque localité.
Préserver l’identité paysagère et la biodiversité marocaines
La plantation excessive de palmiers menace l’identité visuelle et paysagère des villes marocaines ainsi que leur biodiversité unique. Face à cette situation, « Maroc Environnement 2050 » se mobilise pour sensibiliser les décideurs locaux à privilégier la plantation d’arbres indigènes adaptés à chaque région. Une approche concertée et responsable est essentielle pour préserver l’héritage naturel du Maroc et garantir un avenir durable pour ses villes.