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17 septembre 1978: le roi Hassan II met fin au boycott arabe d’Israël

17 SEPTEMBRE 1978 : QUAND LE ROI HASSAN II METTAIT FIN AU BOYCOTT ARABE D’ISRAËL

Le 17 septembre 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin signaient les Accords de Camp David sous la médiation du président américain Jimmy Carter. Un accord en vertu duquel l’Égypte fera la paix avec l’entité sioniste. Mais ce que plusieurs Marocains ne savent pas, c’est le rôle majeur du roi Hassan II dans ces accords.




C’était lors du troisième dimanche du mois de septembre de l’année 1978 que l’Égypte et Israël signaient au Naval Support Facility Thurmont, plus connu sous le nom de Camp David et situé à 93 km au nord-ouest de Washington, D.C., les accords portant le nom du lieu de villégiature officiel du président des États-Unis.

Après 12 jours de pourparlers directs, le Caire et Tel Aviv arrivaient finalement à trouver un terrain d’entente pour un pacte de paix.

Le 17 septembre 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin signaient ainsi les Accords de Camp David grâce à une médiation américaine.

En tout cas, selon la version officielle, car des sources soulignent le rôle clé joué par feu le roi Hassan II dans ce rapprochement malgré les réticences de plusieurs pays arabes.

C’est d’ailleurs le célèbre journaliste et écrivain égyptien, Mohamed Hassanein Heikal qui avait insisté dans son livre «The Return of the Ayatollah: The Iranian Revolution from Mossadeq to Khomeini» (Le retour d’Ayatollah : La révolution iranienne de Mossadeq au Khomeini, Editions Paperback, 1986) sur le rôle joué par le Maroc à la veille de ces accords.




L’écrivain avait rapporté que «c’est le général marocain Ahmed Dlimi qui avait livré la première lettre du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin au président égyptien Mohamed Anouar el-Sadate».

«Une lettre qui suggérait une réunion conjointe» entre l’Égypte et l’État hébreux.

«Il s’est avéré par la suite que le roi du Maroc, Hassan II, était derrière l’initiative en mettant à disposition son palais pour accueillir la première rencontre israélo-égyptienne directe», poursuit le journaliste égyptien.

Une version rapportée également par Yossi Alpher dans son ouvrage «Periphery : Israel’s Search for Middle East Allies» (Périphérie: la recherche par Israël d’alliés au Moyen-Orient).

Cet ancien agent des forces israéliennes de défense (Mossad) en tant qu’officier du renseignement affirme que le Maroc a joué un rôle majeur dans l’organisation de la visite d’Anouar el-Sadate en Israël.

Tout à commencer, selon lui, par «une rencontre entre le roi Hassan II et directeur du Mossad, Yitzhak Hofi qui a conduit à un autre meeting entre le roi du Maroc et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin», poursuit l’agent reconverti en journaliste, consultant et chercheur.




Il rapporte aussi que le premier ministre israélien se serait déplacé au Maroc discrètement, à l’aide d’un «déguisement, une perruque avec des cheveux blonds».

À la suite de ces rencontres maroco-israéliennes, le royaume aurait par la suite accueilli d’autres réunions entre responsables israéliens et leurs homologues égyptiens.

Le roi Hassan II aurait préparé, toujours selon Yossi Alpher, la toute première rencontre entre les deux pays, durant laquelle Moshe Dayan, ministre israélien des Affaires étrangères (de juin 1977 au 23 octobre 1979) et Hassan Thami vice-premier ministre égyptien se serait mis d’accord sur un certain nombre de points s’agissant des relations bilatérales entre le Caire et Tel Aviv.

Après ces rencontres citées, l’ancien agent du Mossad ne donne pas plus de détails sur d’éventuelles autres rencontres tenues au Maroc. Il se contente de citer la suite des événements ayant conduit à la conclusion des Accords de Camp David.

Après la rencontre tenue au Maroc entre Dayan et Thami, le président égyptien Anouar el-Sadate, en visite dans plusieurs pays, commence à préparer l’opinion internationale à l’annonce de ces accords.

Il déclare en Roumanie que l’État hébreux est sérieux dans sa quête de la paix avec son entourage, et ne tarit pas d’éloge sur les responsables israéliens.




À l’ouverture de la session de l’Assemblée populaire égyptienne en 1977, el-Sadate surprend tout le monde, en déclarant être disposé à se rendre à Al Qods et même à la Knesset israélienne.

«En Israël, ils seront surpris de m’entendre dire devant vous que je suis prêt à aller dans leur maison, à la Knesset elle-même et discuter avec eux», lance-t-il fièrement aux députés égyptiens.

Et il concrétisera sa promesse en se rendant en Israël et en prononçant un discours devant la Knesset israélienne le 20 novembre 1977.

Il y souligne l’idée que la paix avec Israël n’est pas nouvelle et appelle à un sommet Egypte-Israël à Ismaïlia.

Un sommet à partir duquel les deux pays commencent officiellement leurs pourparlers.

Un mois après, le Comité politique composé par les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, d’Israël et des États-Unis tiendra sa première rencontre, à l’issue de laquelle, le 5 septembre 1978, les délégations égyptienne et israélienne se donnent rendez-vous aux pays de l’Oncle Sam.

Après 12 jours de négociations, les deux parties concluront les Accords de Camp David.

Le 26 mars 1979, les deux pays signent un accord de paix, faisant partie des accords initiaux de septembre 1978.

Un nouveau pacte qui permettra à l’Égypte de récupérer le Sinaï en 1982 après le retrait complet de l’armée israélienne et le libre passage vers la Jordanie.




En contrepartie, Israël obtient la normalisation de ses relations diplomatiques avec le pays des Pharaons et les garanties sur la liberté de circulation sur les voies maritimes du canal de Suez et du détroit de Tiran.

Dans le monde arabe, la surprise laissera la place à l’indignation et la colère, à commencer par l’Egypte.

Le ministre des Affaires étrangères Mohamed Ibrahim Kamel démissionne et appelle à mettre fin aux concessions présentées par son pays.

Plus tard, la Ligue arabe prend la décision de transférer son siège du Caire à Tunis pour protester contre les Accords de Camp David.

La ligue décidera aussi de suspendre l’adhésion de l’Égypte et de la boycotter.

Ce n’est qu’en mai 1989, lors du sommet de la Ligue arabe que l’Égypte récupèrera son siège et qu’en mars 1990 que le quartier général est à nouveau transféré au Caire.

Quatre ans plus tard, la Jordanie empruntera la même voie en signant avec l’État hébreux, le 26 octobre 1994, le Traité de paix Israélo-Jordanien, dans la ville frontière de Wadi Araba.

Depuis, l’ennemi d’hier de plusieurs nations arabes est reconnu officiellement comme voisin…