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5 août 1907 : la France coloniale bombardait Casablanca

5 AOÛT 1907 : LA FRANCE COLONIALE BOMBARDAIT CASABLANCA POUR «PROTÉGER LES EUROPÉENS»

Le bombardement de Casablanca en 1907 : Un événement tragique de l’histoire marocaine sous l’expansion coloniale française

Contexte historique du bombardement
En 1907, cinq ans avant la signature du traité de Fès en 1912, Casablanca, alors une ville en plein développement économique au Maroc, fut le théâtre d’un événement tragique. Le 5 août de cette année-là, le croiseur français Galilée ouvrit le feu sur la ville, suivis par deux autres navires militaires, l’escorteur d’escadre Du Chayla et le croiseur Forbin. Ce bombardement causa la mort de plusieurs centaines de victimes et plongea les rues de la capitale économique dans le chaos et la destruction.

Les motivations du bombardement
Les autorités françaises justifièrent leur action en invoquant la volonté de protéger les ressortissants étrangers résidant au Maroc. Cependant, il est évident que ce prétexte masquait des motifs plus complexes. La France cherchait à renforcer sa présence militaire au royaume chérifien et à envoyer un message fort aux tribus marocaines et à l’étranger quant à son pouvoir et son influence grandissante dans la région.

L’expansion coloniale française au Maroc
L’expansion coloniale française au Maroc remonte à plusieurs années avant le traité de Fès en 1912. Dès 1901, la France obtint un accord avec les autorités marocaines pour « aider » à l’administration des régions encore non contrôlées du Maroc oriental. Les accords bilatéraux de l’«Entente cordiale» signés avec les grandes puissances, dont l’Allemagne, en 1904, contribuèrent à cette expansion.

L’assassinat de Pierre Benoît Émile Mauchamp
La population marocaine exprima sa colère suite à cette ingérence dans la souveraineté du royaume chérifien. En mars 1907, un acte marqua cette tension : l’assassinat du médecin français Pierre Benoît Émile Mauchamp à Marrakech. Cet acte fut une réaction à la présence grandissante des intérêts coloniaux étrangers au Maroc.

L’occupation d’Oujda et les tensions à Casablanca
Le 25 mars 1907, le gouvernement français décida d’occuper Oujda, capitale de l’Oriental, pour contraindre les autorités chérifiennes à prendre des mesures plus sévères contre les assassins. Pendant ce temps, Casablanca, avec sa population d’environ 30 000 personnes et une forte présence européenne, attirait déjà l’attention des entités coloniales en raison de son potentiel économique.




Le déroulement du bombardement
Le 5 août 1907, les autorités locales françaises à Tanger décidèrent de mobiliser le croiseur Galilée pour intervenir à Casablanca après les événements hostiles envers la compagnie française en charge de l’aménagement du port. Les marins du Galilée débarquèrent et ouvrirent le feu sur des militaires et des civils, prétendant se défendre d’un danger imminent. En même temps, le Galilée bombarda le quartier arabe de la ville, causant des dégâts considérables.

Lourdes pertes humaines et réaction de l’armée française
Des bombes chargées de mélinite (Puissant explosif à base d’acide picrique fondu) frappèrent d’autres quartiers, entraînant la mort de plus d’un millier de Marocains lors de cette journée sanglante. L’armée française, dépêchée depuis Alger et Paris, n’arriva à Casablanca que le 7 août et se déploya pour contrôler la ville. En tout, 6 000 soldats français placés sous les ordres du Général Drude furent déployés.

Conséquences politiques du bombardement
L’année suivante, en 1908, le sultan chérifien Moulay Abdelaziz fut détrôné par son frère Moulay Abdelhafid, aidé par le grand vizir Madani El Mezouari El Glaoui, frère aîné de Thami El Glaoui. Cet événement marqua une étape importante dans le processus de colonisation du Maroc par la France et renforça son contrôle sur le pays.

En bref…
Le bombardement de Casablanca en 1907 reste une tragédie majeure de l’histoire marocaine, témoignant des tensions politiques et des enjeux liés à l’expansion coloniale française au Maroc à cette époque. Cet événement tragique marqua profondément la ville et la région, laissant des cicatrices qui perdurent encore dans la mémoire collective.