Pénurie mondiale d’engrais et phosphates: une « aubaine » pour le Maroc et l’OCP
VERS UNE PÉNURIE MONDIALE D’ENGRAIS ET PHOSPHATES QUI PROFITERA AU MAROC ET À L’OCP
Alors que la Chine vient d’annoncer un système de quotas destiné à limiter ses exportations d’engrais, leur prix vont encore augmenter, permettant à l’Office chérifien des phosphates (OCP), qui a déjà prévu d’augmenter les volumes de sa production de 10% cette année, d’accroître ses parts de marché.
Le marché des engrais reste tendu en ce mois de juillet alors que la Chine, premier exportateur mondial de phosphates, vient de mettre en place un système de quotas destiné limiter ses exportations.
Selon Reuters, qui cite des informations provenant des principaux producteurs de phosphate du pays, ces quotas, fixés bien en dessous des niveaux d’exportation d’il y a un an, étendraient l’intervention de la Chine sur le marché.
L’objectif serait de «maintenir un plafond sur les prix intérieurs et protéger la sécurité alimentaire alors que les prix mondiaux des engrais oscillent près de niveaux record».
En octobre dernier, la Chine a décidé de freiner les exportations en introduisant une nouvelle exigence de certificats d’inspection pour expédier des engrais et des matériaux connexes, ce qui a contribué à resserrer l’offre mondiale, rappelle la même source, qui note que les prix des engrais ont été soutenus par les sanctions imposées aux principaux producteurs de Biélorussie et de Russie.
De plus, la flambée des prix des céréales stimule la demande de phosphate et d’autres nutriments pour les cultures des agriculteurs du monde entier.
Bien que la Chine ait imposé des droits d’exportation sur les engrais dans le passé, les dernières mesures marquent sa première utilisation de certificats d’inspection et de quotas d’exportation.
La Chine semble avoir émis des quotas d’exportation pour un peu plus de 3 millions de tonnes de phosphates aux producteurs pour le second semestre de cette année, précise-t-on.
Reuters explique que la flambée des prix au cours de l’année dernière a suscité des inquiétudes pour Pékin, qui doit garantir la sécurité alimentaire de ses 1,4 milliard d’habitants alors même que tous les coûts des intrants agricoles augmentent.
Cette nouvelle décision de la Chine aura des impacts sur le Maroc.
Et pour cause, si les prix vont encore augmenter, les parts de marchés de l’OCP vont s’accroître.
Selon les chiffres publiés récemment par l’Office des changes, les ventes des phosphates et dérivés ont presque doublé pour atteindre 47,62 milliards de dirhams à fin mai 2022 contre 24,27 milliards de dirhams à fin mai 2021.
Une évolution qui fait suite, principalement, à l’augmentation des ventes des engrais naturels et chimiques (+17,966 milliards de dirhams) due à l’effet prix.
Ce dernier a «plus que doublé (8 354 DH/T à fin mai 2022 contre seulement 3 431 DH/T à fin mai 2021)», explique le bulletin publié début juillet.
La tendance haussière s’est même poursuivi tout au long des premiers mois de l’année en cours.
En mai dernier, l’office a fait part de résultats records au 1er trimestre 2022, annonçant ses prévisions d’augmenter ses volumes de production d’environ 10% en 2022 afin de «répondre à la demande sur des marchés à forte croissance où le Groupe continue de renforcer sa position de leader mondial».
L’office a aussi promis d’«investir dans des programmes environnementaux et sociaux afin de maintenir son impact positif sur la sécurité alimentaire mondiale».
En mars dernier, l’OCP avait déjà fait part de son intention d’augmenter sa production d’engrais pour répondre à une demande «plus élevée».
Dans des déclarations à Reuters, Nada Elmajdoub, vice-présidente exécutive de la gestion des performances, chez OCP, avait ajouté que l’office vise aussi à ajouter 3 millions de tonnes supplémentaires de capacité de production annuelle en 2023.