vendredi, novembre 22, 2024
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L’ambassadeur suisse loue la coexistence au Maroc

Le constat « remarquable » de l’ambassadeur suisse sur la coexistence au Maroc




Le Maroc, Terre d’Islam, connait une coexistence pacifique « remarquable » entre les principales doctrines religieuses, a affirmé, mardi à Rabat, l’ambassadeur de la Confédération suisse au Royaume, Guillaume Scheurer.

« Musulmans, Chrétiens et Juifs y font preuve d’une grande capacité de tolérance et de coexistence qui serait impossible sans un excellent degré de maturité tant au niveau de la population elle-même que grâce à la subtile relation qui lie les institutions au peuple », a soutenu M. Scheurer qui s’exprimait à l’ouverture d’une conférence sous le thème « Le dialogue interreligieux, une priorité sociale pour le XXI siècle », organisée en célébration du centenaire de la présence diplomatique suisse au Maroc.

Lors de cette conférence animée par Dr Hansjorg Schmid, directeur fondateur du Centre Suisse Islam et Société et professeur d’éthique interreligieuse et de relations islamo-chrétiennes à l’Université de Fribourg, le diplomate a souligné qu’au Maroc, les trois religions monothéistes n’existent pas seulement pour se tolérer mais pour se bonifier mutuellement et faire de ces mondes l’ensemble de la famille humaine qui vit harmonieusement sur la terre marocaine.




Notant que la présence à Rabat du professeur Schmid offre l’opportunité de mettre en avant des aspects fondamentaux du dialogue religieux, l’ambassadeur a souligné que la Suisse et le Maroc, fiers de leurs identités religieuses et culturelles multiples, savent faire preuve d’une grande ouverture d’esprit et d’une capacité d’accepter la différence, d’accepter l’Autre dans sa simplicité et sa complexité, une richesse qui, selon lui, « nous mène vers le pluralisme ».

De son côté, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a souligné l’impératif du dialogue interreligieux au moment où le monde contemporain est confronté à des défis socio-économiques et à des catastrophes environnementales très complexes, avec leurs lots de problèmes pouvant causer aussi bien l’effondrement des valeurs que des sociétés.

Il a indiqué que le dialogue consiste principalement à instaurer une culture de respect de la diversité et du pluralisme en tant que moyen de communication entre les individus et les sociétés.




Il a rappelé à cet égard le discours du Roi Mohammed VI en 2019 à l’occasion de l’accueil du Pape François, dans lequel le Souverain avait souligné que « le dialogue entre les religions abrahamiques est manifestement insuffisant dans la réalité d’aujourd’hui. Au moment où les paradigmes se transforment, partout et sur tout, le dialogue inter-religieux doit aussi faire sa mue ».

Selon Lahjomri, « parler du dialogue religieux n’est pas un luxe intellectuel éphémère, mais il s’agit, en actes et paroles, de la seule et possible manière, au regard de toutes les innovations de l’Homme à divers niveaux, de remédier à tout dysfonctionnement dans la relation et la compréhension, afin de ne pas perdre le cap face aux mutations de la civilisation contemporaine et leurs manifestations qui deviennent obsolètes avec les transformations technologiques et écologiques accélérées ».

Lors de cette conférence, rehaussée par la présence d’éminents experts, académiciens, historiens et chercheurs, Hansjorg Schmid s’est arrêté sur les acquis du dialogue qui consistent en un dépassement de l’hostilité et des préjugés, la création de ponts et d’un capital social comme contribution à la paix et la diffusion médiatique d’images d’amitié et de compréhension.




Cet auteur de nombreuses études et articles scientifiques s’est également attardé sur les défis du dialogue en s’interrogeant notamment sur la manière de gérer les différences et d’enraciner le dialogue à la base tout en tenant compte des expériences locales, plaidant pour un élargissement et un approfondissement du dialogue interreligieux avec une orientation sociétale et éthique.

Le conférencier, dont les recherches sont axées sur l’éthique politique dans une perspective interreligieuse et sur les musulmans en Europe, a aussi abordé les questions de l’accompagnement spirituel dans le contexte de la médecine et des soins, du dépassement non violent des conflits et de la responsabilité écologique.

Cette rencontre est la cinquième du genre organisée dans le cadre d’un cycle de conférences sous le signe « Innovation & questions du temps présent » à l’initiative de l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie Hassan II des Sciences et des Techniques et de l’Ambassade de Suisse au Maroc.