Pegasus: pour «Le Monde» un soupçon contre le Maroc devient une preuve indiscutable
Pegasus: «Le Monde» transforme un soupçon en indices indiscutables contre le Royaume du Maroc
Trop engagé dans ses accusations formulées contre le Royaume du Maroc dans l’affaire Pegasus, le journal «Le Monde» se résout enfin à fournir des preuves. Dans la démonstration laborieuse de ce journal, aucun indice matériel. Seules traces qui dominent: un acharnement féroce.
Embourbé dans l’affaire Pegasus, le journal Le Monde cherche ardemment les preuves qui étayent les récits qu’il sert à ses lecteurs depuis deux semaines.
Ce quotidien a formellement accusé le Royaume du Maroc d’avoir ciblé 10 000 smartphones, dont 1000 portant des numéros français.
Passons sur les chiffres étonnamment ronds du nombre de portables attribués au Maroc: c’est 10 000, pas 10 247; et c’est 1000 en France, pas 953, ni 1043.
Il est vrai qu’un chiffre rond frappe davantage les esprits.
Et Laurent Richard, le patron de Forbidden stories, l’organisation qui a remis au Monde un sac avec une liste de numéros attribués au «client Maroc», est très marketeur.
Dans un article publié le 27 juillet, Le Monde s’est résolu, enfin, à livrer les pièces à conviction de son accusation contre le Maroc.
Intitulé «Projet Pegasus: ces éléments techniques qui attestent l’implication du Maroc», cet article prouve définitivement que le journal, dit de référence, ne dispose d’aucun élément de preuve qui implique le Maroc.
Le Monde soupçonne le Maroc, c’est son droit. Mais pour une raison difficile à comprendre, les journalistes de ce quotidien qui se sont fait embarquer par Laurent Richard et son épouse dans ce projet, ont fait le pari périlleux de considérer un soupçon comme une conviction ou un indice indiscutable.
Le Monde ne cherche donc pas la vérité, mais veut par tous les moyens avoir raison.
Quels sont ces fameux éléments qui prouvent l’implication du Maroc ?
Avant de les énumérer, il y a une question importante à laquelle le quotidien français a évité de répondre depuis le début de cette affaire.
Alors qu’il affirme dans un éditorial que NSO, la société israélienne qui fabrique le logiciel espion Pegasus, dispose d’une quarantaine de clients dans le monde, pourquoi la fuite, éventée par Forbidden stories, a concerné seulement 11 pays?
Il s’agit donc d’une fuite ciblée. À quelles fins?
Jusqu’ici, Le Monde s’est refusé de s’exprimer sur le caractère sélectif de cette prétendue fuite.
Dans l’article, supposé fournir les preuves qui impliquent le Maroc, Le Monde nous apprend que «les iPhones ont ceci de particulier qu’à chaque fois qu’un composant d’iOS, le logiciel qui les fait fonctionner, est lancé (par exemple pour prendre une photo ou envoyer un message), une trace est consignée dans la mémoire du téléphone.
Les experts du Security Lab d’Amnesty ont découvert dans cet historique des traces de composants qui n’ont pas été développés par Apple, totalement étrangers à iOS».
La première information surprenante que l’on apprend dans cet article, c’est qu’il est possible de détecter le logiciel Pegasus uniquement dans les iPhones.
Androïd, le système d’exploitation le plus répandu dans le monde, et qui est utilisé dans de nombreux smartphone, comme Samsung, échapperait ainsi à toute possibilité d’analyse.
Donc, sur les 10 000 smartphones supposément espionnés par le Maroc, seuls les appareils iPhones sont susceptibles d’être analysés, en vue d’y détecter les traces d’une infection par Pegasus.
Ainsi en a décidé Security lab, le fameux laboratoire d’Amnesty international, où puise l’auteur de l’article les «preuves» de l’implication du Maroc. À aucun moment Le Monde ne présente à ses lecteurs ce fameux laboratoire d’Amnesty international.
Un laboratoire sur lequel il s’adosse pourtant, pour porter de graves accusations contre le Royaume du Maroc. A quoi ressemble ce fameux laboratoire d’AI?
De combien d’ingénieurs se compose son équipe? Qui sont les experts de Security lab? Comment se nomment-ils?
Quelles sont les références qui leur donnent les compétences scientifiques pour rendre leur analyse crédible? Sur Internet, il n’existe aucune image et pas la moindre vidéo de ce laboratoire.
Pourquoi cette absence d’images de la part d’une organisation qui se vante de la transparence de ses actions? Lors de la saison 1 de Pegasus, avec comme protagoniste Omar Radi, nous avons appris que ce fameux laboratoire est domicilié chez Claudio Guarnieri, un hacker italien et un activiste des droits de l’Homme.
Peut-être que le décor a changé dans la saison 2 de Pegasus? Mystère.
Dans la partie technique, à proprement parler, des indices supposés prouver l’implication du Maroc, Le Monde récupère du rapport d’AI deux comptes icloud: bergers.o79@gmail.com et linakeller2203@gmail.com.
Le Monde nous apprend que les traces de ces deux adresses e-mail ont été retrouvés dans 11 smartphones, analysés par Security lab. Le Monde nous explique aussi que chaque État, qui utilise Pegasus, infecte les smartphones ciblés à partir d’une même adresse e-mail.
C’est l’empreinte du crime selon Le Monde. En 2019, le Maroc organisait toutes ses attaques à partir de bergers.o79@gmail.com.
«Pour les activités plus récentes de Pegasus en France, le compte “bergers.o79“ disparaît totalement, remplacé par un autre, probablement car le logiciel espion a fait évoluer sa technique et utilise alors une autre faille de iMessage.
C’est le compte linakeller2203[@]gmail.com», nous apprend le quotidien français. Passons sur le caractère laborieux de cette démonstration.
Passons aussi sur l’aspect «gros sabots des clients de Pegasus, qui auraient utilisé une seule adresse e-mail pour aspirer les contenus d’un smartphone. Et cherchons à suivre Le Monde dans le lien qu’il établit entre « bergers.o79 », « linakeller2203 » et le Maroc.
Après avoir listé onze smartphones portant les empreintes d’infection à partir de ces deux comptes, Le Monde arrive à sa déduction phare:
«les traces retrouvées dans ces téléphones prouvent donc qu’ils ont été visés par la même infrastructure technique d’attaque, propre à un client de Pegasus dont les intérêts géopolitiques s’alignent avec ceux du Maroc».
Dans les articles antérieurs du Monde sur Pegasus, ce journal nous apprenait que dans la liste des 1000 téléphones français, il y a des noms dont la convergence avec les intérêts du Maroc n’est pas possible à établir.
Le Monde parlait même de «frénésie» des services marocains pour expliquer le ciblage de personnes qui ne présentent aucun intérêt pour le Maroc.
Dans l’article supposé fournir les preuves, la frénésie marocaine disparaît et subitement, Le Monde découvre chez les personnes ciblées des «intérêts géopolitiques s’alignant avec ceux du Maroc».
Mais est-ce que cela apporte une preuve de l’utilisation par Maroc de Pegasus, ou du lien du Royaume avec les deux comptes exhibés par Le Monde? Evidemment, non! D’ailleurs, Le Monde en arrive à la preuve suprême dont il dispose.
«Les plus de 50 000 numéros de téléphones sélectionnés par des clients de Pegasus en vue d’un éventuel piratage sont parvenus à l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International sous la forme de “clusters“: un par client du logiciel espion.»
Ce qui veut dire que Le Monde a reçu un sac, estampillé avec le drapeau du Maroc, à l’intérieur duquel se trouvent 10 000 numéros de téléphones portables.
Les journalistes du Monde auxquels Forbidden stories ont remis ce panier, l’ont pris pour argent comptant. Conclusion: si l’adresse e-mail attribuée au Maroc avec le nom berger a un mérite, c’est bien celui de nous éclairer sur l’esprit moutonnier qui a prévalu dans cette affaire.