Maroc-Espagne: les relations entre les 2 familles royales demeurent excellentes
Maroc-Espagne: 2 monarchies, un destin commun malgré tout
Malgré quelques turbulences diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne, les relations entre les deux familles royales demeurent excellentes. Autant dire qu’il ne faut pas dramatiser quels que soient les propos tenus par les uns et les autres sur Sebta et Mellila ou sur le Polisario.
Il est difficile de comprendre les relations actuelles entre Rabat et Madrid sans en analyser le contexte historique. Car malgré la différence d’étape entre les économies des deux pays, il n’en demeure pas moins que les similitudes sont plus importantes qu’elles n’y paraissent à première vue.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son éditorial paru dans son édition du vendredi 19 février, que même si l’une des monarchies est parlementaire et l’autre exécutive, elles ont toutes deux joué des rôles similaires dans l’histoire récente.
Dans le camp espagnol, le roi Juan Carlos a instauré durablement la démocratie quand il est intervenu le 23 février 1981 pour déjouer la tentative de coup d’Etat dirigée par le colonel Tejero. Une démocratisation qui a facilité l’adhésion de l’Espagne à l’Union européenne, développé l’économie, permis la libéralisation des mœurs et réconcilié, symboliquement, les ennemis de la terrible guerre civile.
Autant dire que l’enracinement de la démocratie dans la société constitue un important catalyseur qui a mis fin au climat de ressentiment qui sévissait à l’époque en Espagne. En vérité, la succession des élections démocratiques, l’ancrage à l’Europe, l’ouverture sociale et la consolidation des droits de la femme doivent beaucoup à la direction clairvoyante de Juan Carlos.
Tout le monde en convient sauf les Espagnols radicaux de l’extrême gauche qui continuent à remettre en question cette vérité historique.
En parallèle, feu le roi Hassan II avait pris des initiatives similaires à celles du voisin espagnol même si la manière diffère en raison des spécificités de la société marocaine. Car malgré cette période historique caractérisée par la confrontation avec la monarchie, le Royaume du Maroc a choisi, dès son indépendance, le pluralisme politique et l’économie de marché.
Mais le véritable processus démocratique n’a été entamé qu’au milieu des années soixante-dix pour atteindre son summum 20 ans après suite à la nomination du grand opposant Abderrahmane El Youssoufi à la tête du gouvernement. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que durant cette longue étape de transition démocratique, feu Hassan II a gardé le cap malgré les périodes de contestation et la guerre dans le Sahara marocain.
Aujourd’hui, les deux rois Mohammed VI et Felipe VI poursuivent le même chemin en étant en phase avec les évolutions actuelles de leur temps.
Tous les deux ont tracé des objectifs ambitieux basés sur un solide héritage commun, car malgré les différences institutionnelles, les deux monarchies restent unies. Il est donc tout à fait logique que les relations entre les deux familles royales demeurent excellentes malgré quelques turbulences diplomatiques.
Autant dire qu’il faut remettre le curseur des divergences passagères entre les deux pays à son juste niveau en ne dramatisant ni les propos d’El Othmani sur Sebta et Mellila, ni ceux des ultras gauchistes de Podemos sur le Polisario malgré leur participation au gouvernement. Le Maroc a toujours refusé de transformer les divergences politiques en conflits inutiles.
C’est ainsi que feu Hassan II n’a jamais cessé de répéter que le jour où l’Espagne reprendrait sa souveraineté sur Gibraltar, ses dirigeants seraient prêts à rétrocéder les deux présides au Maroc.
C’est dire qu’il n’existe aucune contradiction entre la reconnaissance de la marocanité de Sahara et le soutien à la mission d’un nouvel émissaire onusien désigné par le secrétaire général de l’ONU sur demande de l’Espagne. Il faut donc que Madrid tire parti de cette bonne foi pour travailler avec le Maroc afin qu’il reste fidèle à ses engagements, à long terme, en faveur d’une autonomie efficace dans la région du Sahara.
En définitive, il ne faut pas que quelques crises sporadiques nous fassent oublier la coopération étroite entre le Maroc et l’Espagne dans plusieurs domaines, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Pour preuve, le directeur général de la DGSN et de la DGST Abdellatif Hammouchi a été décoré, à deux reprises, par la police nationale et la Guardia civil espagnoles.
Il ne faut pas oublier non plus que le Maroc est devenu une puissance régionale et un facteur de stabilité en Afrique et surtout dans la région du Sahel tant sur le plan économique que sécuritaire. Une position qui serait d’une grande importance pour les intérêts régionaux de l’Espagne dans les années à venir.
D’autant plus que l’axe Rabat-Madrid est devenu une plate-forme structurelle pour les relations entre le nord et le sud de la Méditerranée. Néanmoins il ne faut pas que nos deux pays se satisfassent des succès réalisés car l’histoire commune nous dicte de resserrer davantage nos relations dans un monde en perpétuel changement.