L'Espagne inquiète de voir le Maroc devenir une puissance militaire
Madrid s’inquiète de voir le royaume du Maroc devenir une puissance militaire
Le nouvel accord militaire conclu entre le Royaume et les États-Unis donne des sueurs froides à Madrid qui n’arrive pas à renouveler son arsenal. L’éventuelle livraison au Maroc du F-35, l’avion le plus cher et le plus performant du monde, risque de chambouler le rapport de force.
Pour le journal El Español, le Maroc est en passe de devenir la plus grande puissance militaire d’Afrique du Nord.
L’accord signé le 2 octobre dernier (à l’occasion d’un déplacement du chef du Pentagone, Mark Esper, à Rabat) devrait permettre de renforcer la coopération militaire entre les deux pays, sur la prochaine décennie.
«Le Maroc était le plus grand client d’armes américain dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en 2019» et «Washington a conclu des accords d’armes avec Rabat d’une valeur d’environ 10,3 milliards de dollars l’année dernière», explique la publication, qui se base sur les chiffres de Forbes Magazine.
Cet accord garantit aux Forces armées royales (FAR) la modernisation de sa flotte de F-16, l’avion de chasse qui a subi une série de modifications techniques et technologiques. Idem pour les chars blindés 6×6 Cougars et du système de missiles sol-air à longue portée MIM-104 Patriot.
Le Maroc fait ainsi partie des 22 pays qui vont acquérir des missiles air-air avancés à moyenne portée (AMRAAM) dans le cadre d’un contrat d’une valeur de 768 millions de dollars devant être achevé en février 2023, comme l’a annoncé le Pentagone.
Mais surtout, le Maroc risque de rejoindre le club très privé des pays qui auront accès au dernier joyau de la machine de guerre américaine.
«À l’heure actuelle, il n’y a qu’une vingtaine de base à travers le monde qui ont accueilli cet appareil, le plus cher et le plus performant au monde, qui ne peut être manœuvré jusque-là que par un millier de pilotes seulement», écrit le journal ibérique.
Cette future acquisition semble inquiéter Madrid, où justement les galonnés ne cessent de relever la nécessité de renouveler l’arsenal militaire. «Il est essentiel que l’Espagne se dote de F-35 avant 2030, selon les déclarations de plusieurs militaires.
L’achat de ces avions pour la marine espagnole et l’armée de l’air a été soulevé à de nombreuses reprises», peut-on lire dans El Español. L’autre crainte de Madrid, est la possibilité que le Maroc rejoigne le club des pays producteurs d’armes.
«Cela constituerait une menace pour leurs intérêts stratégiques et vitaux en Méditerranée et dans l’Atlantique», affirme la publication.
Abdellatif Loudyi, ministre délégué chargé de la Défense nationale, avait en effet évoqué la consolidation de «la coopération militaire avec les États-Unis en promouvant des projets d’investissement conjoints au Maroc dans le secteur de l’industrie de la défense, en vue de favoriser le transfert de technologie et construire progressivement l’autonomie stratégique du Royaume dans ce domaine».
Concrètement, les États-Unis donneraient au Maroc les clés pour construire des drones et des radars, soutient la publication. «Washington devrait accorder au pays du Maghreb la technologie RQ-4.
C’est pour la fabrication de véhicules aériens sans pilote pour la surveillance et l’attaque. C’est le plus gros drone au monde de l’armée américaine qui peut effectuer des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance des espaces terrestres et maritimes de jour comme de nuit et jusqu’à 34 heures d’affilée», écrit la publication.
Madrid voit, enfin, d’un mauvais œil le volet de collaboration du dernier accord maroco-américain, en matière de cyber-sécurité et de cyberdéfense.
Dans l’expansion de la base navale de Ksar Sghir, seront installées des antennes de la National Security Agency (NSA), du renseignement de la marine américaine rattachée au ministère de la Défense, ainsi que de la CIA.