Affaire Adnane: le chef du gouvernement saisi par 3 sociétés savantes
Affaire Adnane: El Otmani saisi par des sociétés savantes
Il est évident que l’affaire de l’enfant Adnane, violé et tué à Tanger, est parmi celles qui ont le plus secoué l’opinion publique marocaine en ces temps de crise sanitaire.
L’affaire qui a ouvert un grand débat et suscite la colère et l’indignation de l’opinion publique, a conduit les experts en pédiatrie à saisir le chef du gouvernement.
En effet, trois sociétés savantes, à savoir la Société Marocaine des Sciences Médicales, présidée par Dr. Moulay Saïd Afif, la Société Marocaine de Pédopsychiatrie et Professions Associées, présidée par Dr. Nawal Idrissi Khamlichi, pédopsychiatre et la Société Marocaine de Pédiatrie, qui a à sa tête Dr. Hassan Afilal, ont adressé une lettre à Saad Eddine El Otmani où elles soulignent la nécessité « de faire de la lutte contre les violences à l’encontre des enfants une priorité nationale ».
« Nous sommes, en tant que professionnels de la santé et représentants de sociétés savantes nationales, profondément outrés par ce crime odieux qui pose une nouvelle fois la question des violences subies par les enfants dans notre pays.
Aujourd’hui, l’indignation, la colère ou la dénonciation de tels crimes ne suffisent pas. Notre pays a besoin d’actions fortes en termes de prévention des violences à l’encontre d’enfants », expriment les trois spécialistes dans leur lettre.
Tout en reconnaissant l’engagement du gouvernement pour la protection de l’enfance ainsi que celui des différents organes ministériels et institutions concernés, les trois spécialistes rappellent que durant cette période de pandémie, ils avaient « maintes fois alerté, lors de Webinaires pour professionnels ou de Webinaires Grand public, quant à la recrudescence des violences subies par les enfants dans leurs familles et incité à l’extrême vigilance quant aux nouvelles formes de violences, tels que le cyber-harcèlement, l’exposition des enfants aux prédateurs pédophiles sur le Web ou l’exposition à des images et vidéos à caractère pédopornographique ».
Dans ce sens, les trois sociétés savantes ont exprimé leur vive inquiétude « en tant que soignants » soulignant que dans leur pratique quotidienne, ils reçoivent « des enfants victimes de violences, souvent très jeunes et en grande souffrance psychologique, dont les familles se heurtent à plusieurs difficultés lors de leur prise en charge, ce qui entraine une aggravation de leurs troubles ».
Pour ses spécialistes, « la prévention en est le socle le plus important (information et sensibilisation des enfants, des parents, des professionnels et de la communauté sur les différents types de violences, éducation sexuelle, lutte contre les cyberviolences, cellules d’écoute dans toutes les régions… ».
Pour lutter contre la violence faites aux enfants, les spécialistes recommandent plusieurs axes majeurs, à savoir« la formation des professionnels de la santé, de l’éducation, de la police judiciaire et de la justice, la coordination des actions médico-psycho-sociales et juridiques, la facilitation des procédures de signalement, l’accompagnement médico-psycho- social personnalisé des enfants victimes, la création de structures d’accueil, d’écoute et de réadaptation sociale des enfants victimes, la constitution de réseaux de professionnels, la création de tribunaux spécialisés pour mineurs, des peines exemplaires pour les agresseurs, des actions de lutte contre les récidives… ».
Ainsi, les trois sociétés indiquent dans leur lettre « qu’il serait opportun de lancer de nouvelles campagnes de sensibilisation en impliquant toutes les parties et en faisant participer les enfants eux-mêmes. Il est nécessaire enfin d’avoir un système efficace de recueil de données et de faire des évaluations de ce qui est entrepris sur le terrain ».
In fine, Les trois sociétés savantes en pédiatrie affirment être « prêtes à apporter » leur « contribution à la réussite de toutes les actions pilotées par le gouvernement ». « Chaque enfant, chaque adolescent de notre pays doit être informé et sensibilisé sur les risques encourus.
Chaque enfant, chaque adolescent doit être dûment protégé dans sa vie quotidienne, dans ses lieux de vie (familles et institutions), dans son école, dans la rue, lors de ses activités sportives, lors de ses loisirs » concluent-elles.