Institut Pasteur France: Le brevet relayé sur la toile ne concerne pas le Covid19
Une vidéo virale a largement circulé sur la toile, dont l’auteur «apportait des preuves, un brevet en l’occurrence» que le coronavirus a été fabriqué en laboratoire.
Devant la large diffusion de cette « information », l’Institut Pasteur a mis en garde contre « les fausses informations qui circulent sur le covd-19, et publié une mise au point dans laquelle il explique avoir « pour mission de travailler sur tous les virus émergents. Notamment les coronavirus. Et il existe plusieurs types de coronavirus ».
Et de poursuivre qu’« en 2002, un premier coronavirus SARS-cov1 a émergé en Chine, responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais). En 2003, cette épidémie s’est étendue à plusieurs pays dans différents continents».
À l’époque, ajoute l’Institut français, « les équipes de l’Institut Pasteur se sont mobilisées, en proposant plusieurs stratégies vaccinales, dont un candidat-vaccin basé sur la plateforme rougeole (le vaccin rougeole peut être recombiné et utilisé comme un véhicule pour induire une réponse immunitaire contre d’autres agents pathogènes, ici SARS-cov1) ».
Poursuivant ses éclaircissements, Pasteur précise qu’ «en 2004, ce candidat-vaccin contre SARS-cov1 a fait l’objet d’une déclaration d’invention (DI) ».
« Le brevet déposé concernait bien le SARS-cov1 (responsable de la maladie dite SRAS en 2002-2003), qui est très différent de SARS-cov2 (responsable de la maladie dite Covid19 en 2019-2020) », dit-il, faisant savoir que « le brevet de 2004 décrit la découverte du virus puis l’invention d’une stratégie vaccinale contre ce virus, et NON l’invention du virus lui-même !!! ».
Plus encore, fait valoir le document, « ce candidat-vaccin contre SARS-cov1 n’a pas été expérimenté chez l’homme car, quand il était prêt, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels proposer de le tester ».
Enfin, l’Institut Pasteur souligne que « le savoir-faire développé en 2003 contre SARS-cov1, et le candidat-vaccin breveté en 2004, sont actuellement appliqués par les scientifiques concernés pour un projet en cours de vaccin potentiel contre SARS-cov2 (responsable de Covid-19), notamment en utilisant la plateforme rougeole ».
La vidéo qui a circulé où un inconnu déclare avoir découvert – via ses recherches sur Google – un grand complot franco-chinois sur base d’un brevet – bien réel – sur le coronavirus a fait des millions de vues. Sa thèse : le virus a été créé en laboratoire, une chauve souris s’est échappée, l’industrie pharma est derrière tout ça. Sans recul, des millions de gens y ont juste cru car le personnage était persuasif.
Les faits :
– Le brevet EP 1 694 829 B1 existe bien et n’a rien de secret
– Il existe bien un laboratoire P4 franco-chinois à Wuhan
– Le brevet EP 1 694 829 B1 concerne le SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome) connu depuis 2002
– Le SRAS est une classe de coronavirus
– Les coronavirus sont étudiés depuis le début des années 2000
– Le coronavirus actuel n’est pas le SARS de 2003 mais le COVID-19 (Sars-cov-2)
– COVID-19 (Sars-cov-2) est le bon nom à utiliser pour éviter les confusions
– Déposer un brevet sur un virus ne veut pas dire le “créer” mais protéger une séquence pour créer un vaccin
– Les laboratoires P4 ne traitent pas les virus comme le COVID-19
– Il n’y a pas de test sur chauves-souris au laboratoire P4 de Wuhan
– Nous vivons dans le capitalisme : l’industrie pharmaceutique n’hésitera pas à exploiter le marché ce qui n’a rien d’une machination.
En résumé, à partir d’un document sorti de son contexte et mal interprété par des personnes sans base scientifique, certains arrivent à créer des théories complètement folles mais qui ne reposent pas sur des faits tangibles. La vérité prend l’escalier mais le mensonge prend l’ascenseur. Ces buzz complotistes n’ont rien de journalistiques ou de sérieux. Que chacun fasse preuve de prudence.
Car le monde est fait de nuances de gris, il n’en est pas moins permis une critique du comportement des responsables politiques dans cette crise. Les citoyens doivent faire preuve de prudence vis à vis de la théorie du choc (Naomi Klein) qui, en temps de crise, permet aux politiques d’en profiter pour asseoir leur agenda politique. Cette crise sanitaire doit donc devenir une opportunité pour questionner le rôle de la casse de l’hôpital public et des services publics. Tout comme en Italie, le manque de moyen a généré un emballement incontrôlable de la situation. De nombreux soignants souffrent en ce moment d’un manque de moyen et risquent leur propre vie pour soigner la population. Ce prisme politique est bien plus important – et sans doute complexe – qu’une théorie du complot bien trop simpliste pour être vraie.
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